Editorial. Cette extinction risque de se produire non plus à l’échelle des temps géologiques, mais en quelques décennies. Avec un unique responsable : l’homme.
Editorial du « Monde ». Voilà 65 millions d’années, la cinquième extinction de masse fauchait, en même temps que les dinosaures, les trois quarts des espèces présentes sur Terre. Les précédentes crises, des centaines de milliers d’années plus tôt, avaient éliminé jusqu’à 95 % du vivant.
Nous n’en sommes heureusement pas là. Mais nul ne peut plus l’ignorer : la planète s’achemine vers la sixième extinction de masse. Et celle-ci risque de se produire non plus à l’échelle des temps géologiques, mais en quelques décennies seulement. Avec un unique responsable : l’homme.
L’alerte mondiale lancée par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services ecosystémiques (IPBES), le « GIEC de la biodiversité » –, est d’une gravité sans précédent. Le taux de disparition de la vie sauvage est aujourd’hui des dizaines, sinon des centaines de fois plus élevé que durant les derniers dix millions d’années. Un million d’espèces animales et végétales, terrestres ou marines – soit une sur huit –, sont menacées de disparition. Et le rythme s’accélère dramatiquement.
Ce constat, établi avec la froide rigueur de la science, place l’humanité face à ses responsabilités, au moins autant que le réchauffement climatique. Pour au moins deux raisons. D’abord, rien ne saurait justifier qu’une espèce – la nôtre – s’arroge le droit de vie et de mort sur toutes les autres.
Or, les causes de l’effondrement de la biodiversité sont toutes d’origine humaine : destruction et fragmentation des habitats naturels, surexploitation des ressources au-delà de ce que peuvent supporter les sols, les forêts et les océans, dérèglement du climat, pollution des écosystèmes par les déchets, les pesticides et les plastiques, prolifération des espèces invasives disséminées par le commerce international…. Suite dans Le Monde daté 7 mai