La réintroduction de l’Aigle de Bonelli à Majorque (Baléares) aurait des effets négatifs pour l’Aigle botté

La réintroduction de l’Aigle de Bonelli sur cette île, qui a débuté en 2011, aurait entraîné une diminution du nombre de couples d’Aigles bottés, ainsi qu’une modification de leur répartition.

L’Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) est un rapace de taille moyenne (envergure : 145 – 165 cm) aux ailes plutôt arrondies et à la queue assez longue avec une large bande subterminale. Chez l’adulte, le dessus est gris-brun foncé avec une zone blanchâtre de taille variable tandis que le bord antérieur du dessous des ailes, le ventre et la gorge sont blanchâtres. Les grandes ouvertures et les poignets sont noirs et forment une bande sombre bien visible d’en dessous. Chez le juvénile, le dessous du corps et les couvertures sous-alaires sont beige roussâtre. Son aire de distribution s’étend de façon fragmentée de l’Europe du Sud à l’Asie du Sud-est. C’est l’Espagne qui accueille la très grande majorité des couples européens avec près de 800 couples.

Ce rapace avait disparu des îles Baléares dans les années 1970 à cause des tirs illégaux et des électrocutions accidentelles : le projet Life Bonelli (LIFE12NAT / ES / 000701), financé par la l’Union Européenne, a été lancé en 2011 pour le réintroduire sur Majorque, et 41 oiseaux ont été relâchés entre 2011 et 2017 dans la Serra de Tramuntana (lire La réintroduction de l’Aigle de Bonelli dans les îles Baléares se déroule bien pour le moment). Ce programme a bien réussi, et l’espèce semble désormais établie de façon durable sur l’île : en 2017, la population était composée de sept couples et de 27 individus (lire Un second aiglon de Bonelli est né sur Majorque après plus de 40 ans d’absence).

Cette espèce est toutefois très territoriale et occupe le même habitat et chasse les mêmes proies que l’Aigle botté (A. pennata), bien présent aux Baléares, et dont la population présente ici deux caractéristiques : elle est sédentaire et niche sur des falaises et non pas sur des arbres. Il aurait profité de la disparition de son compétiteur il y a une quarantaine d’années.

En 2019, dans le cadre de son projet de fin de Master à Université de Madrid, Carola Enseñat Herrero, étudiante à l’Universidad Complutense de Madrid, a présenté les résultats de l’étude des effets possibles du retour de l’Aigle de Bonelli sur la population d’Aigles bottés (effectif et répartition) de l’île de Majorque. Pour cela, elle a comparé entre 2009 (avant la réintroduction) et 2019 l’évolution de différents paramètres tels que l’effectif, le nombre de couples et leur répartition. Elle a effectué ses observations (comptages de territoires et d’aires) sur le terrain au cours du printemps 2019, et elle a utilisé des éléments disponibles dans une base de données créée en 2009 par Viada et de Pablo.

Deux zones ont été choisies : l’île dans son ensemble et un territoire d’Aigles de Bonelli d’une superficie de 51 km² situé dans la Sierra de Tramuntana. La comparaison n’a été faite que pour les territoires identifiés de façon certaine sur la période. Les distances entre ces derniers ont été évaluées pour estimer leur répartition relative.

L’étudiante a constaté que le nombre de territoires avait fortement diminué en dix ans, passant de 83 à 19. La densité est passée d’un couple pour 0,61 km² en 2009, à un pour 2,68 en 2019. Par contre, au sein du territoire du couple d’Aigles de Bonelli, le nombre de couples d’Aigles bottés (six) est resté stable, ainsi donc que leur densité (un couple pour 8,5 km²). Par contre, leur répartition avait changé : ils s’étaient éloignés de la zone centrale…..

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Photo : Trois jeunes Aigles de Bonelli (Aquila fasciatadestinés à être relâchés sur l’île de Majorque (Baléares) en 2017 : leur balise émettrice est visible sur leur dos.
Photographie : Bartomeu Bosch / Life Bonelli