Pour financer cette fameuse transition dite «verte» et ne rien changer à nos comportements, tels que limiter ou de ne plus prendre l’avion, nous sommes en train de perdre toutes nos forêts. Tant que nous continuerons à raser des espaces gorgés de vies et à appeler cela «croissance», nous sommes bien destinés à perdre toute la nature qui nous entoure. Pour information, en France, les vieilles forêts sont extrêmement rares puisqu’elles ne représentent que 5 % de la surface forestière en montagne et moins de 1% en plaine.
Des associations demandent un moratoire sur les usages non essentiels de la biomasse forestière. Alors que les projets d’aviation dite verte se développent à travers le territoire, impactant sensiblement les forêts françaises, associations et militants se mobilisent pour tenter de préserver les forêts. Des puits de carbone essentiels face au dérèglement climatique et pourtant aujourd’hui en danger.
Un projet qui, financé à hauteur de 2 milliards d’euros dont 7,9 millions d’euros financés par l’État, permettrait, d’après ses instigateurs, de contribuer à développer des alternatives aux énergies fossiles. BioTJet, par exemple, l’un des volets du projet, prévoit ainsi de produire 75 000 tonnes d’e-biokérosène.
L’objectif : produire, grâce à ce carburant d’aviation durable, 20% des biocarburants d’aviation dont la France aura besoin en 2030. Une ambition dont se réjouit Elyse Energy qui, face à l’objectif de neutralité carbone affiché d’ici 2050 à l’échelle de l’Union européenne (UE), défend la « nécessité de produire des molécules certifiées renouvelables ou bas-carbone ».
Un usage inconsidéré de la masse forestière
Un projet dit « vert », donc, qui ne va pourtant pas sans inquiéter les associations de préservation de l’environnement. « Pour alimenter l’usine, il faudra 500 000 m3 de bois par an, entame Jacques Descargues, membre du collectif pour La Relève et La Peste. C’est insensé. »
Autre point d’inquiétude majeur, la quantité d’eau nécessaire au projet. « Ils vont prélever 8 millions de m3 d’eau par an dans le gave de Pau, poursuit Jacques Descagues, soit l’équivalent de la consommation annuelle en eau de 156 000 habitants. Et puis, en plein été, quand le gave est très bas, va se poser le problème de la disponibilité de l’eau ».
La multiplication de projets « qui s’en prennent aux forêts françaises »
Surtout, le collectif TPMF-PLC s’alarme de la multiplication des projets « irresponsables qui, face au dérèglement climatique, s’en prennent aux forêts françaises ». Dans le viseur du collectif, le projet Biochar par exemple. Porté par la société toulousaine Miraïa à Garlin, toujours dans les Pyrénées-Atlantiques, ce projet consisterait à produire du biochar, « c’est-à-dire du charbon à partir de bois noble torréfié pour fertiliser les sols, détaille Jeanne Ophuls. Le problème, c’est que ce projet nécessiterait 135 000 tonnes de bois récoltés par an en plus des 300 000 tonnes de bois sec récoltés chaque année par E-Cho. »
« Dans le département voisin des Hautes-Pyrénées, dans la commune de Lannemezan, c’est l’usine géante de production de carburant d’aviation durable qui inquiète les militants de l’environnement. Porté par le producteur indépendant d’électricité renouvelable montpelliérain Qair, en partenariat avec Airbus, le projet vise à produire 70 000 tonnes d’électro-carburant par an pour l’aviation.
Du côté des Bouches-du-Rhône, cette fois, dans la commune de Gardanne, c’est le projet Hynovera qui retient l’attention des militants écologistes. Encore au stade d’études, ce projet, porté par l’industriel Hy2Gen, prévoyait initialement de recourir à l’extraction de CO2 à partir de bois afin de produire des carburants renouvelables pour l’aviation.
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