Au Kenya, l’écologiste renommée Joannah Stutchbury, 67 ans, a été abattue de quatre balles jeudi soir par des hommes armés devant son domicile. Elle était sortie de sa voiture pour déblayer des branches qui bloquaient la route menant chez elle. Les auteurs de l’acte ne sont à ce jour toujours pas connus. Une quarantaine d’ONG et d’associations de défense de l’environnement ont publié un communiqué commun et même le président Kenyatta a réagi.
Pour les défenseurs de l’environnement, il n’y a pas de doute : c’est à cause de son engagement que Joannah Stutchbury a été tuée. Cette militante kényane se battait depuis plusieurs années contre la déforestation illégale dans la forêt de Kiambu, à 16 km de la capitale. Sa mort a provoqué une vive émotion chez les militants écologistes au Kenya.
Dans un communiqué, le président Uhuru Kenyatta a condamné un meurtre commis par des « insensés » qui « versent le sang de personnes innocentes qui travaillent dur pour bâtir un Kenya meilleur pour tous ».
Pour Irungu Houghton, directeur exécutif d’Amnesty International au Kenya, il n’y a pas de doute : c’est son militantisme qui a coûté la vie à Joannah Stutchbury. « C’était une cible des promoteurs privés, car ils veulent exploiter la forêt autant que possible. Il ne s’agit pas d’un vol, mais un assassinat, car elle a été tuée mais rien ne lui a été volé, ils ont tout laissé sur place. Son meurtre est un choc pour tout le pays », explique-t-il.
Joannah Stutchbury avait été menacée à plusieurs reprises et elle n’était malheureusement pas un cas isolé au Kenya. Ces dernières années plusieurs défenseurs de l’environnement ont été assassinés. « Quand on perd une consœur environnementaliste, on se dit que ça peut nous arriver à nous aussi. Les gens qui se battent pour les bonnes causes sont soit menacés, soit tués. En tant qu’écologiste, je ne me sens plus en sécurité ici, au Kenya », déplore Elizabeth Wathuti, une militante écologiste et fondatrice de l’initiative Génération Verte au Kenya.
Les défenseurs de l’environnement demandent à ce que les assassins de Joannah Stutchbury soient traduits en justice. Le président Kenyatta a promis que les forces de l’ordre feraient tout pour les arrêter, les qualifiant « d’ennemis du pays ».
Avec notre correspondante RFI à Nairobi, Albane Thirouard