L’IFAW communique(Conférence CITES/3 octobre) : Les divisions entre les Parties africaines ont miné les populations d’éléphants aujourd’hui, leur refusant le classement en Annexe I de la CITES qui leur aurait offert la meilleure protection possible contre le braconnage et le commerce illégal.
Malgré le fort soutien de la France et du Luxembourg, la proposition, portée par le Botswana (un pays opposé à toute tentative visant à restreindre le commerce de l’ivoire lors des CoP précédentes) et la plupart des autres États de l’aire de répartition de l’éléphant, n’a pas réussi à obtenir le soutien collectif décisif du bloc de l’Union européenne qui aurait garanti la sécurité à long terme des populations d’éléphants à travers le continent.
« C’est une tragédie pour les éléphants. Alors que nous assistons à une augmentation si dramatique de l’abattage des éléphants pour l’ivoire, le moment était venu pour la communauté internationale de monter au créneau et de dire «plus jamais ça!», a déclaré Kelvin Alie, Directeur du Programme de la faune sauvage pour IFAW.
La Namibie, l’Afrique du Sud, la Zambie et le Zimbabwe ont refusé de participer au consensus des États de l’aire de répartition de l’éléphant en faveur du classement en Annexe I de tous les éléphants, qu’ont rejoint le Botswana et le Malawi qui avaient déjà fait état de leur position. Ce groupe de pays a fait valoir qu’il devait être exclu de l’Annexe I car leurs populations sont stables. Les Parties menées par le Botswana et le Gabon ont répliqué que les États de l’aire de répartition d’Afrique australe devraient faire preuve de solidarité avec leurs semblables africains et donner la meilleure protection aux éléphants tant qu’ils seront en péril à travers le continent.
Tshekedi Khama, Ministre de l’Environnement, de la Faune et du Tourisme du Botswana, a déclaré: « Le Botswana abrite la plus grande population d’éléphants au monde qui représente près de 35% des éléphants de savane en Afrique. Les éléphants du Botswana sont actuellement inscrits à l’Annexe II. Nous sommes conscients de la grave crise de braconnage des éléphants qui sévit à l’échelle de l’Afrique. De manière déterminée et sans réserve, nous sommes prêts à renoncer au statut de nos éléphants et à soutenir le classement de toutes les populations d’éléphants d’Afrique en Annexe I. »
Kelvin Alie a déclaré: «Les Parties ont maintenant une obligation morale de veiller à faire tout leur possible pour protéger cette espèce. Ils doivent fermer les marchés domestiques d’ivoire et contribuer à mettre en sécurité toutes les populations d’éléphants dans les pays de l‘aire de répartition ».
Pourtant, malgré les efforts déployés par la Chine et les États-Unis, la tentative de dix pays africains de l’aire de répartition de l’éléphant menée par l’Angola et appelant les Parties qui ont un marché intérieur légal à les fermer a échoué à réunir le soutien nécessaire. L’accord final porte maintenant sur un simple encouragement des pays à fermer leurs marchés s’il est démontré qu’il contribue au braconnage et au commerce illégal.
« Dans le groupe de travail, la Chine, dont le marché de l’ivoire a contribué à l’escalade du braconnage des éléphants ces dernières années, s’est montrée la plus ferme de toute l’assemblée. La Chine exige une résolution exhortant les pays à fermer les marchés domestiques, que ces marchés soient liés directement au braconnage en Afrique ou non » a indiqué Grace Gabriel, Directrice d’IFAW Asie.
« Il est encourageant de voir que la Chine s’engage de nouveau pour mettre en œuvre la promesse du Président Xi Jin Ping de fermer les marchés domestiques de l’ivoire. Cependant, il est vraiment dommage que des pays possédant un marché de l’ivoire légal ignorent les risques que comportent ces marchés pour les populations d’éléphants et les populations locales, car ils offrent la possibilité de blanchir l’ivoire illégal, sous couvert de légalité. »
Cependant, tout n’est pas noir pour les éléphants : les Parties, menées par l’UE, ont vertement rejeté les tentatives de la Namibie et du Zimbabwe de supprimer les restrictions sur le commerce de leurs populations d’éléphants, ce qui aurait ouvert la porte au commerce. La semaine dernière, la CITES a également voté l’abandon sans équivoque du controversé mécanisme de prise de décision (DMM) pour un processus de commerce de l’ivoire. « IFAW soutient pleinement cette décision. Compte tenu de la crise actuelle du braconnage des éléphants et de la nécessité de s’attaquer d’urgence au manque de respect et d’application de la loi, il n’y a pas la moindre place pour l’examen d’un processus qui permettrait le commerce de l’ivoire » a déclaré Kelvin Alie.
On trouve actuellement l’éléphant d’Afrique dans 37 pays d’Afrique sub-saharienne. De vastes étendues abritent encore des éléphants dans certaines régions d’Afrique centrale, orientale et australe, mais leur distribution est de plus en plus fragmentée à travers le continent. La population globale de l’éléphant d’Afrique est en forte déclin ; la perte est estimée à 30% au cours des sept dernières années.
La proposition 14, soumise par la Namibie, a été rejetée par 73 contre, 27 pour et 9 abstentions.
La proposition 15, soumise par Namibie et le Zimbabwe, a été rejetée par 80 contre, 21 pour et 11 abstentions.
La proposition 16, soumise par le Bénin et 12 autres parties, a été rejetée par 62 contre, 44 pour et 12 abstentions.