Les 12 et 13 décembre dernier, les différents ministres européens de la pêche se sont réunis à Bruxelles afin de définir pour l’année à venir les quotas de pêche européens. Mais la France, ainsi que l’Espagne et le Portugal n’ont pas attendu ce rendez-vous pour déclarer leur intention de ne pas prendre en compte l’avis des scientifiques mais aussi celle de la législation européenne sur les quotas de pêche. En défendant les intérêts des pêcheurs et de toute l’industrie, ces pays font fi de la préservation de la biodiversité. Or il était impératif de suivre ces recommandations scientifiques pour assurer une gestion durable du stock de poissons au large de nos côtes européennes.Un conseil qui échoue à protéger la biodiversité
Selon les résultats issus du Conseil européen d’Agrifish, il ressort que plusieurs stocks ne suivent pas les recommandations faites par les scientifiques du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), notamment les stocks de lieu jaune en Manche, qui dépasse de plus de 67% le chiffre donné par le CIEM. Cette espèce est aujourd’hui en deçà des limites biologiques viables et la pression de pêche actuelle nuit gravement à son renouvellement. Cela est contraire à l’approche de précaution qui constitue un principe essentiel en matière de politique commune des pêches.
Une partie des quotas reste à définir, notamment les stocks de poissons partagés par l’UE et le Royaume-Uni. La Commission européenne et les ministres de la pêche de l’UE ont, sur ce point, adopté une approche risquée. La transparence de l’ensemble du processus est minimale, ce qui rend presque impossible l’évaluation des promesses des ministres selon lesquelles ils « suivront les recommandations scientifiques ». Il sera essentiel de suivre de près l’évolution des négociations à venir entre l’UE et le Royaume-Uni.
La pêche, un enjeu majeur pour la protection de l’environnement marin
L’impact de la pêche sur les milieux marins est un fait établi et, selon la Directive Habitat Faune et Flore, celui-ci se doit d’être mesuré et maîtrisé afin de favoriser la préservation des habitats naturels marins, ainsi que de sa faune et sa flore. La France a pris de nombreux engagements concernant la préservation de la biodiversité, notamment face aux activités humaines. Il est à rappeler que le bon état écologique des différentes espèces cibles devait être atteint en 2020. Cet objectif est aujourd’hui manqué, puisque seuls 60% des poissons débarqués en France, sont issus de pêche durable. Suivre les recommandations scientifiques du CIEM doit donc être un impératif pour la France, afin d’atteindre ses objectifs en matière de protection de l’environnement marin et pour faire en sorte que la pêche soit durable et résiliente, notamment face aux changements climatiques.
« Le respect des recommandations scientifiques est un prérequis indispensable au maintien des services écosystémiques offerts par les espaces marins et côtiers. En sécurisant une biodiversité forte, c’est un pilier du bien-être de l’ensemble des usagers que l’on renforce », explique Armelle Jung, membre du groupe de travail Pêche au sein de France Nature Environnement.
France Nature Environnement rappelle donc ces problématiques importantes et souhaite que le début de la présidence française de l’Union européenne ainsi que le One Ocean Summit, prévu début février 2022, soient l’occasion d’envoyer un message fort sur le sujet de la protection des écosystèmes marins et de montrer la voie vers une pêche raisonnée et durable.
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