Comment se fait-il que des oiseaux aient survécu à l’extinction massive qui a terrassé les dinosaures ? Spoiler : ce n’est pas parce qu’ils volent.
Si contrairement aux dinosaures, certains oiseaux ont réussi à survivre à l’extinction massive survenue sur Terre il y a 66 millions d’années, ce n’est pas grâce à leurs ailes. C’est même plutôt le contraire, seuls des oiseaux qui ne volaient pas, ont survécu. Mais pourquoi ? Une étude publiée en mai dernier dans la revue Current Biology offre des pistes pour y répondre.
L’ancêtre du canard et des volailles, seuls survivants ?
« Les analyses ont révélé que l’ancêtre commun le plus récent de tous les oiseaux modernes et de tous les oiseaux ayant survécu à la fin du Crétacé, étaient très certainement des oiseaux non volants« , dévoilait Daniel Field à la tête de l’équipe de paléontologues de l’Université de Bath au Royaume-Uni qui a publiée l’étude.
Une conclusion qui apparait presque contre intuitive. Et pourtant, les chercheurs ont démontré que les seuls oiseaux à avoir survécu à la météore géante qui a terrassé la planète, n’étaient pas vraiment ceux sur lesquels on aurait misé. Il s’agissait en effet des ancêtres des… canards, volailles et autres autruches. Ces espèces ont ensuite évolué vers les oiseaux qui barbotent aujourd’hui dans nos mares, ou nos assiettes.
Comprendre l’histoire évolutive des oiseaux
« Ce n’est que maintenant que nous découvrons l’influence importante de l’extinction de masse de la fin du Crétacé sur l’histoire évolutive de nombreux groupes d’oiseaux, de mammifères et de plantes à fleurs« , s’est enthousiasmé Daniel Field.
« 66 millions d’années après cette catastrophe mondiale, nous pouvons toujours percevoir les effets de cette dernière sur l’évolution de ces groupes d’animaux et de plantes. »
« Ces analyses vont de pair avec l’idée selon laquelle des oiseaux préhistoriques ont survécu à l’extinction de masse de la fin du Crétacé et qu’ils ont ensuite investi les arbres une fois les forêts mondiales reconstituées« , poursuit le chercheur. Car l’un des principal apport de l’étude est d’avoir démontré que l’intégralité des forêts terriennes ont été détruites en même temps que les dinosaures.
Les fougères, témoins de la destruction des forêts
En effet, les analyses des spores fossilisés, réalisé par le paléobotaniste au Smithsonian National Museum of Natural History révèle que 70 à 90 % des spores encore présents dans la roche, proviennent de deux variétés de fougère seulement.
« Ce pic dans la présence de fougères témoigne bien d’un désastre pour la flore, quand des espèces pionnières re-colonisent rapidement un terrain découvert. On voit notamment cela lorsque les fougères re-colonisent les coulées de lave à Hawaï ou les glissements de terrain après une éruption volcanique« , explique-t-il.
« Les auteurs de l’étude ont fait un excellent travail en avançant un argument très convaincant concernant le rôle des forêts qui disparaissent dans le monde dans l’évolution des oiseaux modernes« , a commenté Luis Chiappe, spécialiste des premiers oiseaux.
Si de prochaines études doivent consolider ces hypothèses, des fossiles d’ancêtres issus de groupes d’oiseaux modernes découverts il y a peu, n’invalide en tous cas pas cette thèse. De fait, la taille conséquente de leurs pattes indiquent en effet, qu’ils n’avaient pas la capacité de voler.
Source Maxisciences/Gentside