1,5 million de personnes demandent des mesures d’urgence
Hobart, le 18 octobre 2021
Aujourd’hui, 1,5 million de personnes appellent les dirigeants du monde entier à se saisir immédiatement de l’occasion qui leur est donnée de préserver l’avenir de notre planète en protégeant l’Antarctique lors de la 40e réunion annuelle de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) — l’organisme responsable de la conservation marine dans l’Antarctique.
Cela fait des décennies que l’impératif biologique de protéger les eaux de l’Antarctique, haut lieu mondial de la vie sauvage, est une évidence. Cette année, d’éminents climatologues se sont joints à l’appel en demandant aux États membres de la CCAMLR de remédier simultanément et au plus vite aux crises biologique et climatique. Plus précisément, expliquent-ils, la décision de créer trois nouvelles grandes aires marines protégées (AMP) dans l’Antarctique oriental, autour de la péninsule Antarctique et en mer de Weddell permettrait de protéger la nature tout en rendant plus durable un écosystème déjà très affecté par le changement climatique.
Selon la lettre que leur ont adressée les climatologues, « dans les eaux froides de l’hémisphère sud de la planète, la CCAMLR devrait procéder à certaines interventions politiques claires et fondées sur la science afin de rendre les écosystèmes résilients et de donner à la nature les meilleures chances de résister à la crise climatique, notamment en établissant un réseau circumpolaire d’aires marines protégées ».
« Plus d’un million de personnes, y compris des scientifiques et des dirigeants mondiaux, ont uni leurs forces dans le cadre de la campagne #CallOnCCAMLR pour demander à la CCAMLR de protéger l’Antarctique », déclare Claire Christian, directrice exécutive de l’Antarctic and Southern Ocean Coalition (ASOC). « Ce mois-ci, deux réunions internationales majeures de l’ONU se tiennent dans le but de résoudre la crise de la biodiversité et du climat. Mais la CCAMLR ne doit pas être oubliée », ajoute Christian, « parce qu’elle peut décider dès aujourd’hui de créer trois nouvelles AMP qui participeront directement à la résolution de ces deux problèmes. Cette mesure permettrait de protéger des millions d’animaux, des baleines aux manchots, tout en rendant plus résilient un écosystème qui est en pleine mutation en raison du réchauffement climatique qui s’y produit plus rapidement que partout ailleurs dans le monde », conclut Christian.
L’océan Austral de l’Antarctique est une des dernières grandes étendues sauvages de la planète ; il entoure le continent le plus froid, le plus sec, le plus venteux et le plus intact de la planète. Les eaux glaciales de cet océan grouillent de prédateurs qui se nourrissent des gigantesques essaims de krill, un minuscule crustacé semblable à la crevette, et d’autres espèces-fourrages présentes dans le fragile réseau trophique de la région.
« Les actuelles propositions d’AMP sont basées sur des données scientifiques solides et offriront aux espèces sauvages emblématiques de l’Antarctique les meilleures chances de survie en leur réservant des régions sûres où elles pourront améliorer leur résilience aux conséquences du changement climatique. Nous devons protéger les espaces qu’elles habitent », déclare Emily Grilly, responsable de la conservation de l’Antarctique pour le WWF.
Afin de protéger cette région spectaculaire et les espèces qui en dépendent, la CCAMLR a convenu d’établir un réseau de vastes AMP autour de l’Antarctique. Mais leur création en bonne et due forme s’est heurtée ces dernières années à l’opposition répétée de 2 des 26 membres de la CCAMLR.
« À l’approche de la réunion 2021 de la CCAMLR, les États-Unis, la Corée du Sud, l’Inde et l’Ukraine ont à leur tour décidé de coparrainer les propositions d’AMP dans l’Antarctique oriental et en mer de Weddell, ce qui montre que l’on s’achemine vers un consensus autour de l’adoption de nouvelles mesures de protection », explique Andrea Kavanagh, qui dirige le travail de The Pew Charitable Trusts sur la conservation de l’Antarctique et de l’océan Austral. « Désormais, s’ils veulent démontrer leur engagement à résoudre les crises du climat et de la biodiversité, il est temps pour les dirigeants mondiaux de ne plus repousser l’adoption de mesures de protection dans cette région cruciale du monde. »
« Les gouvernements croient peut-être avoir le choix entre assurer la protection efficace des eaux de l’Antarctique et repousser une fois de plus les mesures nécessaires. Ce n’est pas le cas. Ils n’ont pas d’autre choix que l’urgence climatique et la création de sanctuaires océaniques dans un des écosystèmes terrestres les plus vulnérables. L’heure n’est plus aux paroles, aux reports de réunions ou à des mesures de protection qui n’existent que sur le papier. Les dirigeants du monde entier se sont engagés à protéger les eaux de l’Antarctique, et il est désormais temps pour eux de passer des paroles aux actes », déclare Laura Meller, conseillère en politique océanique auprès de Greenpeace Nordic.