Alors que la saison de chasse bat son plein, une majorité de Français montre leur ras-le-bol pour ce ‘loisir’ dangereux, mortel pour les promeneurs et exclusif des autres activités de plein air. Quant au dimanche, jour emblématique du repos et des sorties nature, il est monopolisé par les chasseurs.
En France, moins d’un million de chasseurs (environ 1,5% de la population) s’approprient pendant plusieurs mois, les espaces « naturels » pour pratiquer un loisir sordide, malsain et souvent inutile : tuer des animaux « sauvages » mais aussi élevés pour être ensuite lâchés et tués.
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En France, un quart des animaux tués à la chasse provient d’élevages spécifiques. C’est le Syndicat National des Producteurs de Gibier de Chasse (SNPGC) qui l’affirme : « 14 millions de faisans ; 5 millions de perdrix grises et rouges ; 1 million de canards colvert ; 40 000 lièvres de France ; 100 000 lapins de garenne ; 10 000 cerfs ; 7 000 daims » sont produits chaque année en France. Au bas mot, 20 millions d’animaux sont élevés puis lâchés dans la nature pour être tirés à vue…
Dans le même temps, plus de 15 millions de randonneurs, 2 millions de cavaliers, auxquels il faut ajouter les simples promeneurs, cueilleurs de champignons, amateurs de photographie nature, sportifs… Sont pris en otage par une activité dangereuse, meurtrière et bruyante qui les empêche de profiter de la nature notamment le dimanche.
« Le sentiment d’insécurité des usagers de la nature n’est pas exagéré : il n’existe aucun contrôle médical ou alcoolémique des chasseurs en France, alors qu’ils utilisent des armes pouvant tuer à 3 kilomètres » précise le RAssemblement pour une France sans Chasse (RAC), une association de Loi 1901 qui lutte contre la chasse et le piégeage en France.
Ainsi, « avec près de 150 accidents de chasse chaque année, la France détient le record européen du plus grand nombre d’accidents. Et il y a 7 fois plus d’accidents de chasse le dimanche, jour où la nature est très fréquentée. La chasse crée un climat d’insécurité qui perturbe la pratique des autres sports et loisirs de plein air. Les détonations, cris, aboiements, allées-venues des 4×4, empêchent de profiter pleinement de la nature. S’ajoutent également les panneaux « Danger – Chasse en cours – Tir à balles » aux abords des zones chassées, qui contraignent à renoncer à son activité en faisant prudemment demi-tour. » s’indigne le Collectif pour le Dimanche sans chasse.
Pourtant, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) se montre rassurant dans son bilan 2019-2020 : « en 20 ans, la tendance globale des accidents de chasse est à la baisse. Le nombre d’accidents a ainsi diminué de 41 % comparé à son niveau de 1999 et reste inférieur à la moyenne générale de ces vingt dernières années qui est de 158 victimes par an. La saison 2019-2020 est malgré tout plus accidentogène que la précédente, avec 141 victimes contre 131. En 2019-2020, 11 accidents mortels ont eu lieu contre 7 durant la saison précédente. Le nombre d’accidents mortels a toutefois chuté de 71% comparé à 1999. »
« Un chiffre qui ne signifie rien, si l’on considère que la majorité des incidents ne sont pas déclarés, et que ceux qui le sont ne font que très rarement l’objet d’une enquête« , s’indigne Mila Faustine Béatrice SANCHEZ qui a fondé le collectif « Un jour un chasseur » suite à la mort accidentelle de Morgan KEANE le 2/12/2020 à cause d’un chasseur. Depuis, ce collectif maintient une pétition au Sénat qui a recueilli plus de 120 000 signatures et sera donc examinée.
Rappelons qu’en France, la chasse est autorisée les 7 jours de la semaine en période de chasse, alors que dans la quasi-totalité des autres pays d’Europe de l’Ouest, il y a des jours sans chasse, souvent le dimanche.
La période de chasse en France est la plus longue d’Europe (presque 7 mois de l’année pour les seuls oiseaux) et s’exerce sur le nombre d’espèces le plus élevé en Europe : 90 en incluant les mammifères, 64 pour les oiseaux et pour des prélèvements annuels de 25 à 30 millions d’oiseaux. Environ 25 espèces d’oiseaux en mauvais état de conservation et classés comme tels sur les listes rouges de l’UICN sont toujours chassées en France, comme la tourterelle des bois menacée au niveau mondial ! (LPO)
Une charentaise maritime nous a expliqué que les relations avec les chasseurs (de gibier d’eau) étaient « tendues » car ils sont « très agressifs » et ne respectent pas la législation sur la fin de la période de chasse.
Dans la forêt de Rambouillet, les tirs se font entendre régulièrement sans que l’on sache d’où ils viennent, ajoutant du stress à une promenade familiale dont l’objectif était la détente.
Résultat : de plus en plus de promeneurs portent des gilets fluorescents pour être vus de loin ou ne sortent tout simplement plus le dimanche…
Il n’est donc pas étonnant que de plus en plus de communes prennent des arrêtés pour interdire la promenade le dimanche dans certaines forêts ou obliger les administrés à porter des gilets jaunes. Un député LREM a même proposé d’interdire le VTT pendant la période de chasse !
7 Français sur 10 sont défavorables à la chasse
Au final, 79 % des Français sont favorables à l’arrêt de la chasse le dimanche, selon un sondage mené par l’IFOP du 4 au 7 janvier 2016. 55 % y sont même très favorables, tandis que seulement 7 % y sont très défavorables. Enseignement intéressant de cette étude, 81 % des Français résidant en ville soutiennent l’arrêt de la chasse le dimanche, ce taux reste également très élevé en milieu rural où il atteint 75 %.
Autre enquête d’opinion : un sondage Ipsos pour One Voice d’octobre 2018 montre que 84 % des interrogés estiment que la chasse pose des problèmes de sécurité lors des balades dans la nature.
Enfin notre sondage en haut de page montre que 55 % des internautes sont contre la chasse quelque soit le jour de la semaine.
Et pourtant, cela n’a pas empêché le gouvernement – sous la présidence Macron – de diviser par deux le coût du permis national de chasse qui est passé de 400 euros à 200 euros, cela représente plus de 20 millions d’euros à la charge des citoyens français, dans un contexte social pourtant difficile.
Pour un dimanche sans chasse
Un exemple parmi tant d’autres un dimanche de septembre 2020. Pour observer les oiseaux (dont les effectifs sont en chute libre dans nos campagnes) avec un guide LPO, nous (groupe de 12 personnes) avons dû contacter le président de l’Association Communale de Chasse Agréée (ACCA) pour lui demander de ne pas trop chasser sur le lieu de notre promenade dominicale. Requête accordée mais nous entendions des tirs partout autour et avons croisé de nombreux chasseurs qui faisaient des allers-retours dans les chemins en voiture. Difficile dans ces conditions d’observer un peu de vie sereinement…
La loi « Chasse » du 26 juillet 2000 avait interdit, en France, la chasse le mercredi, disposition abrogée dès 2003 par Roselyne Bachelot. Aujourd’hui, seuls les départements, via leur préfet, peuvent fixer librement un jour sans chasse, mais ils n’y sont pas obligés et « c’est seulement pour un motif de protection du « gibier » (animal sauvage chassable) et non des personnes » s’indigne le RAC.
Le Collectif pour le dimanche sans chasse, qui regroupe près de 730 clubs et associations d’usagers de la nature, demande régulièrement au gouvernement et aux élus de déclarer le dimanche comme jour national non chassé. Une première pétition de 300 000 signatures sur papier avait été déposée en 2012 au Ministère de l’Écologie sans résultat. Une autre a été lancée sur le web, avec déjà plus de 250 000 signataires en quelques mois, en vain.