Evénements climatiques, pollution lumineuse, désertification. Les oiseaux sont exposés à de nombreux risques lors de la période de migration.
Initiée par l’ONU, la journée mondiale des oiseaux migrateurs (qui a lieu le week-end du 12 et 13 mai) vise à attirer l’attention du monde entier sur le sort de ceux qui volent au dessus de nos têtes. Le bilan est tristement connu. En 2014, les études conduites en Europe révélaient déjà une perte de 421 millions d’oiseaux en moins en 30 ans.
Tout récemment, le Muséum d’Histoire Naturelle et le CNRS confirmaient l’effroyable déclin. En réponse, les scientifiques ont clairement recommandé l’application de nouveaux schémas agricoles et la mise en place de zones vertes. Pas sûr que l’éventuel changement suffise à satisfaire les migrateurs, car ces derniers doivent aussi affronter les terribles dangers du voyage. Les ornithologues ont, par exemple, constaté que la période de migration de la paruline bleue (une fauvette américaine) était 15 fois plus meurtrière que pendant les phases de reproduction ou d’hibernation.
Les agressions portées au peuple des airs
Les événements climatiques figurent parmi les risques. Le vent peut déporter 1 à 10 % des passereaux qui finissent par s’épuiser en mer. Le brouillard peut détourner la direction de vol, les pollutions lumineuses ont également des effets dévastateurs, sans parler des éoliennes, des lignes électriques, de la désertification qui allonge les trajets, etc… La chasse joue également un rôle non négligeable dans la perte des populations. A Chypre, ce sont près d’1 million 4 d’oiseaux qui sont abattus durant leur voyage d’automne. En Egypte, des filets sont dispersés sur 700 km de côte. Les captures d’espèces protégées ou non, représentent pas loin de 140 millions de volatiles chaque hiver. Las, on pourrait poursuivre ainsi la triste liste des agressions portées au peuple des airs, mais peut être pouvons nous aussi rêver. Comment ne pas dire notre admiration au traquet motteux ? Voilà un passereau de 25 grammes (l’équivalent de deux cuillères à soupes de sel) qui, partant d’Alaska peut rejoindre les confins du Kenya, soit quelque 30 000 km (aller et retour) de périple. Équipés de minuscules balises Argos, les oiseaux suivis par les scientifiques, pouvaient réaliser jusqu’à 850 km par jour. Prodigieuse et si fragile mécanique biologique. « Toute la liberté que l’on prend à des oiseaux, le destin juste et dur la reprend à des hommes » disait Victor Hugo.
Par Allain Bougrain-Dubourg
Source : L’info Durable