Messages contraires à la planification écologique, reculades sur les pesticides, restrictions de l’accès à la justice, menaces sur la biodiversité, sur la gestion de l’eau… En 2 mois, le gouvernement de Gabriel Attal est allé de concessions en reculades, mettant à mal les ambitions écologiques affichées par Emmanuel Macron qui affirmait en 2022 : « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas ».
Ce que le Premier ministre met en danger :
- Un modèle agricole juste et durable : en reconnaissant et encourageant un modèle agro- industriel nuisible et dépendant de l’irrigation, des engrais et des pesticides, et donc des hydrocarbures importés, Gabriel Attal renonce à sortir les agriculteurs et agricultrices de l’impasse, à protéger nos standards sociaux et environnementaux face à une concurrence déloyale et à résoudre en profondeur le problème du partage de la valeur. Le renoncement à la transition écologique de l’agriculture, c’est également ralentir la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et l’effondrement de la biodiversité.
- Le respect du droit de l’environnement : en décrédibilisant les services de protection de l’environnement et en diminuant encore le nombre des contrôles, déjà insuffisant, le Premier ministre renonce à faire respecter le droit et incite même à l’enfreindre.
- Le respect des processus démocratiques : en imposant d’autorité le seul point de vue de l’agriculture industrielle, il renonce aux processus démocratiques déjà engagés, seuls à même d’éviter les régressions et de faire émerger des solutions satisfaisantes pour toutes et tous.
- Le financement de la planification écologique : avec -2,2 milliards d’euros de budget, Gabriel Attal choisit de faire porter sur l’écologie le plus gros coup de rabot budgétaire, renonçant de fait à l’atteinte de certains objectifs.
➢ Avec 1 milliard d’euros de moins pour MaPrimeRénov’, la réduction des consommations et la lutte contre la précarité énergétique sont mises en difficulté.
➢ Avec 430 millions en moins pour le Fonds vert, de nombreux projets de transition dans les territoires ne seront pas financés.
- Moins de pesticides dans nos assiettes : alors que l’interdiction des phytosanitaires est une préoccupation mineure chez les agriculteurs et agricultrices (4% selon ce sondage BVA), suspendre le plan Ecophyto est une régression majeure pour la santé de tous et toutes.
- L’accès à la justice pour toutes et tous : en annonçant la réduction des délais de recours pour les ICPE agricoles et la suppression d’un degré de juridiction en matière agricole, Gabriel Attal choisit de limiter l’accès des citoyen·nes à la justice plutôt que de donner à la justice les moyens de faire son travail rapidement.
- Une gestion équitable et partagée de l’eau : en soutenant l’irrigation à outrance défendue par la FNSEA, Gabriel Attal renonce au partage équitable entre les différents usages négociés démocratiquement dans le cadre des Assises de l’eau.
- La protection des zones humides et leurs bénéfices : les zones humides et leur protection ne sont un problème que pour l’agriculture industrielle lourdement mécanisée. Leurs atouts, en revanche, profitent à tous et toutes.
- La participation du plus grand nombre aux décisions en matière environnementale : en voulant réduire encore le périmètre de la Commission nationale du débat public (CNDP), le Premier ministre assume sa volonté d’imposer des projets sans que les citoyen·nes vivant à proximité ne puissent donner leur avis.
Nos attentes
Alors que la crise agricole de ces dernières semaines offrait au nouveau Premier ministre la possibilité de commencer son mandat en fixant un cap ambitieux et fédérateur pour une agriculture plus juste et plus durable, Gabriel Attal a choisi de commencer en marche arrière.
Les orientations qui se dessinent au terme de ces premiers mois ont le mérite d’être claires : le gouvernement se met au service des intérêts d’une minorité, quitte à faire passer au second plan nos objectifs climatiques, le droit de l’environnement, la santé des Français·es, la protection des écosystèmes et le bon fonctionnement de la démocratie.
Pour Antoine Gatet, président de France Nature Environnement : « En deux mois, c’est un véritable tsunami de reculs environnementaux qui nous a frappé et nous laisse d’autant plus démunis que ces décisions sont prises en méconnaissance totale des règles les plus élémentaires de la démocratie environnementale : associer l’ensemble des acteurs (dont les services publics de l’environnement) en se fondant sur la science et le droit ! Le Premier ministre n’a pas pris la mesure de la crise environnementale et plutôt que d’y répondre, ne donne des gages qu’aux lobbies agricoles industriels qui en sont essentiellement la cause. Nous invitons Monsieur Attal à réouvrir et entendre les cadres démocratiques territoriaux afin de construire les politiques environnementales ambitieuses qui permettent d’accompagner le monde agricole productiviste à changer de logiciel, et qui accompagne et valorise les agricultrices et agriculteurs qui font le choix de la transition agroécologique. La fracture entre la promesse présidentielle d’un quinquennat écologique, et la réalité des régressions environnementales actées par le Premier ministre n’a jamais été aussi profonde. »