Le massacre des éléphants pour leur ivoire n’a toujours pas cessé cette année : avec l’annonce hier de saisies au Kenya et au Cambodge, plus de 21.5 tonnes d’ivoire illégal, 949 défenses d’éléphants et plus de 3000 objets auraient été saisis en 2016, avec 16 saisies importantes de plus de 500 kg. La plupart des cargaisons a été interceptée au Vietnam, mais d’énormes quantités ont également été trouvées dans d’autres pays, notamment européens : Malaisie, Ouganda, Tanzanie, Soudan, Espagne, Autriche et Allemagne.
« C’est une triste réalité, mais il ne se passe pas un jour sans que des dizaines d’éléphants soient tués par des braconniers, et cette année, les autorités de contrôle ont découvert de l’ivoire illégal chaque semaine dans un pays du monde ou un autre. », explique Rikkert Reijnen, directeur du programme Commerce d’espèces sauvages pour IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux – www.ifaw.org). « Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg puisqu’on n’intercepte qu’une petite fraction de l’ivoire illégal disponible sur le marché. »
Publié en août, le Great Elephant Census (le grand recensement des éléphants), toute première étude menée à l’échelle continentale sur l’éléphant de savane d’Afrique, révélait que les populations ont décliné de 30 pour cent entre 2007 et 2014, ce qui équivaut à 144 000 éléphants ! Le taux actuel du déclin est de 8% par an, principalement à cause du braconnage. Si la tendance actuelle continue, nous pourrions voir leur population tomber à 160 000 d’ici 2025.
« Les éléphants ont atteint leur point de bascule et les cinq prochaines années seront déterminantes si nous voulons renverser la tendance » poursuit Rikkert Reijnen. « On a déjà fait beaucoup en 2016 pour sortir de cette situation critique, mais ce n’est pas assez si nous voulons que les futures générations puissent voir des éléphants parcourir la savane plutôt que de simplement les trouver dans des livres sur les espèces disparues. »
Cette année la France, la Chine et les États-Unis ont annoncé des réglementations plus strictes sur le commerce de l’ivoire, et l’UE a présenté un plan d’action contre le trafic d’animaux. Lors de la conférence de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages), plusieurs décisions ont été prises pour mieux protéger les éléphants du commerce international.
IFAW préconise une interdiction totale du commerce de l’ivoire, la fermeture des marchés intérieurs de l’ivoire et la destruction des réserves d’ivoire.
IFAW travaille avec des organisations internationales telles qu’INTERPOL et des autorités policières nationales pour combattre la criminalité liée à la faune sauvage. En collaboration avec le KWS (Kenyan Wildlife Service), IFAW a initié un projet pilote au Kenya connu sous le nom de tenBoma et qui utilise les toutes dernières technologies pour permettre aux gardes et autorités de contrôle d’arrêter les braconniers avant qu’ils ne tuent. Dans les pays consommateurs comme la Chine, IFAW sensibilise les gens pour qu’ils n’achètent plus de produits issus d’animaux sauvages et anime des formations pour donner aux autorités de contrôle l’expertise nécessaire à la détection de produits illégaux issus d’espèces sauvages.