La planète a connu une température moyenne supérieure de 1,1 à 1,2°C à celle de l’ère préindustrielle. Si 2020 et 2016 n’ont pas été détrônées de leur première place ex aequo, l’année écoulée vient confirmer le réchauffement continu de la Terre.
Il est l’heure de faire le bilan de santé de la planète Terre. A quel point le monde a-t-il suffoqué au cours des douze derniers mois ? Ce lundi, le service européen Copernicus sur le changement climatique (C3S) dévoile que l’année 2021 se classe à la cinquième place des années les plus chaudes de l’histoire. Ce constat était déjà pressenti en octobre par l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
On peut d’abord voir dans ce classement une bonne (ou pas trop mauvaise) nouvelle : 2021 ne bat pas le record de chaleur mondial de l’an dernier, qui s’était hissé à la première place du podium ex aequo avec 2016. En 2020, la planète avait été particulièrement brûlante. La température dans le monde avait dépassé de 1,25°C la moyenne de l’époque préindustrielle. Du jamais vu, notamment en Europe.
L’année 2021 a été chaude, mais pas assez pour détrôner les tenantes du titre. Avec une température moyenne supérieure de 1,1°C à 1,2°C à celle de l’ère préindustrielle, elle est au niveau de 2015 et 2018 (respectivement +1,07°C et +1,08°C). «Globalement, les cinq premiers mois de l’année ont connu des températures relativement basses par rapport aux dernières années très chaudes. Toutefois, de juin à octobre, les températures mensuelles ont à chaque fois été au moins parmi les quatrièmes les plus chaudes jamais enregistrées», détaille le communiqué de Copernicus transmis à Libération.
Les températures ont joué au yoyo en Europe
«Une année un peu plus fraîche que les autres était attendue à cause de l’influence refroidissante de la Niña [phénomène climatique d’origine océanique qui survient tous les quatre à cinq ans et se traduit par des températures anormalement froides, ndlr]. Mais il faut dire que parmi les années Niña, 2021 a été l’une des plus chaudes jamais enregistrées», pointe de son côté le climatologue Maximiliano Herrera, qui tient le compte des températures extrêmes sur le globe. Selon ses calculs, plus de 400 stations météo ont enregistré des records de chaleur au cours de l’année, un chiffre dans la veine de ce qu’il observe depuis 2002.
Il souligne aussi le fait que 2021 a été en moyenne nettement plus froide en Europe par rapport aux années précédentes. Mais si l’on regarde plus en détail, les températures ont joué au yoyo sur le continent. «Une phase froide en avril, après un mois de mars relativement chaud, a provoqué le gel de fin de saison dans les parties occidentales du continent. A l’inverse, l’été européen de 2021 a été le plus chaud jamais enregistré», précise Copernicus.
En 2021, la France a été relativement épargnée. Après plusieurs années très chaudes, le thermomètre est resté proche des normales saisonnières dans l’Hexagone selon Météo France. Le printemps et l’été ont été particulièrement arrosés et frais, mis à part une courte vague de chaleur dans le sud de la France mi-août qui a contribué à un gros incendie dans le Var. Selon Météo France, les températures en métropole ont été 0,2°C supérieures à la moyenne des années 1981-2010, ce qui classe l’année 2021 à la 20e place des années les plus chaudes depuis 1900. La chaleur a donc été moins ressentie que dans d’autres pays. L’année 2020 avait aussi été sacrée la plus chaude en France depuis 1900, battant le record jusqu’ici détenu par 2018.
«Nécessité de changer nos façons de faire»
Moins bonne nouvelle : ce nouveau classement de 2021 dans le top 5 montre qu’il y a bien une tendance de fond liée au changement climatique induit par les activités humaines. Les sept dernières années sont clairement les plus chaudes enregistrées depuis l’ère préindustrielle. «2021 a été une nouvelle année de températures extrêmes avec l’été le plus chaud d’Europe, les vagues de chaleur en Méditerranée, sans oublier les températures sans précédent en Amérique du Nord, pointe Carlo Buontempo, directeur du service changement climatique de Copernicus. Ces événements nous rappellent avec force la nécessité de changer nos façons de faire, de prendre des mesures décisives et efficaces en vue d’une société durable et de travailler à la réduction des émissions nettes de carbone.»
L’humanité n’est pas au bout de ses peines, souligne une étude parue jeudidans la revue Communications Earth & Environment. A partir de 2030, quasiment tous les pays du monde pourraient subir une année sur deux particulièrement chaude à cause du trop-plein de gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère selon les climatologues.
Sur la planète, la moyenne des températures des vingt dernières années dépasse déjà les +1°C de réchauffement. Il ne reste donc qu’un petit demi-degré pour atteindre la limite des 1,5°C, seuil que l’humanité ne doit pas dépasser si elle veut limiter les dégâts du changement climatique.
photo : Un feu de forêt en Californie, le 26 septembre. (David McNew/Getty Images via AFP)