Dans la vallée de la Côa, un projet de « réensauvagement » mêle réintroduction de grands herbivores et libre évolution de la nature, afin de recréer un écosystème viable.
Une centaine de vautours tournoient dans le ciel éblouissant, appâtés par des restes de boucherie. Ont-ils senti le piège ? Ils ne s’y risqueront pas ce jour, les toisant à distance avant de regagner la ronde des courants ascendants, au-dessus de la réserve de Faia Brava, dans le nord-est du Portugal. Pedro Prata devra patienter encore avant de réussir à capturer quelques vautours fauves, qu’il équipera de colliers GPS.
L’association Rewilding Portugal tente de renforcer la population de ces rapaces, et d’autres espèces, au sein de cinq réserves réparties le long de la rivière Côa. La nature y est strictement protégée. Le projet, amorcé en 2000 par l’association ATNatureza, a été retenu comme l’un des huit sites pilotes de l’ONG Rewilding Europe, qui soutient des initiatives de rewilding (« réensauvagement ») sur tout le continent. Le principe : restaurer un écosystème viable, souvent grâce à la réintroduction des grands animaux qui y vivaient jadis, et le laisser ensuite évoluer librement. « L’idée est de réduire la pression humaine et de laisser la nature s’autogérer, pour permettre le retour des processus naturels, explique son directeur, Frans Schepers. Pour retrouver un écosystème riche, il faut souvent faire revenir des espèces clés qui influent fortement sur leur milieu, et notamment des grands herbivores. »….
Le Monde/14 août
photo : Des chevaux Garrano, une race ancienne de la péninsule ibérique, broutent en liberté dans la réserve protégée de la vallée de la Côa, le 28 mai. JUAN CARLOS MUÑOZ ROBREDO / REWILDING EUROPE