Le ministère de l’Intérieur américain a finalisé un plan visant à autoriser les forages pétroliers et gaziers au sein du refuge national de la faune arctique, la plus vaste zone naturelle protégée des Etats-Unis, interdite au forage depuis des décennies. Une bataille juridique se profile.
Après plus de 30 ans de lobbying, l’industrie pétrolière pourrait bientôt avoir accès à des terres protégées de l’Alaska. L’administration Trump a publié ce lundi une autorisation définitive des forages pétroliers et gaziers au sein du refuge national de la faune arctique (Arctic National Wildlife Refuge), une aire naturelle où ils étaient bannis depuis plusieurs décennies.
Cette immense étendue sauvage située au nord-est de l’Alaska, peuplée d’ours polaires et de caribous, est le plus grand refuge faunique des Etats-Unis. Le document signé par le secrétaire à l’Intérieur David Bernhardt ouvre la voie à des forages sur une bande de 6.300 kilomètres carrés, sur les 77.000 kilomètres carrés que comprend la zone. La vente aux enchères des baux pétroliers pourrait avoir lieu « aux alentours de la fin de l’année », d’après le secrétaire à l’Intérieur.
Le secteur choisi, connu sous le nom de zone 1002, contiendrait les plus grandes réserves de pétrole d’origine terrestre d’Amérique du Nord encore inexploitées. A moins de trois mois de l’élection présidentielle, l’administration Trump soutient que cette décision entraînera la création de « milliers de nouveaux emplois » et générera « des dizaines de milliards de dollars ». Cette annonce « marque un nouveau chapitre dans l’indépendance énergétique américaine », a soutenu David Bernhardt lors d’une conférence de presse, alors qu’aux Etats-Unis, royaume du pétrole de schiste, un véritable effondrement de l’activité en cours.
Féroce bataille juridique en vue
Si des réserves de pétrole ou de gaz étaient découvertes, leur exploitation pourrait débuter dans huit ans environ, a précisé Bernhardt. A moins qu’elle ne débute jamais. Le forage dans cette zone de l’Alaska est depuis longtemps un sujet de controverses et ces plans seront certainement confrontés à des défis juridiques.
Les militants écologistes ont d’ores et déjà mis en garde contre un effet environnemental dévastateur de l’ouverture de cette zone au forage, à l’heure où il faudrait réduire l’utilisation des combustibles fossiles pour lutter contre le réchauffement climatique. Selon eux, les forages pourraient également nuire aux ours polaires, en péril, et aux troupeaux de caribous en migration, qui viennent sur cette plaine côtière pour mettre bas.
D’après le New York Times, ils comptent intenter des poursuites pour tenter de retarder ou de bloquer le programme de concessions. Les groupes environnementaux ont déjà fait valoir que le ministère de l’Intérieur n’avait pas suffisamment pris en compte les effets que l’exploitation pétrolière et gazière pourrait avoir sur les changements climatiques et sur la faune locale….
Suite de l’article de Leïla Marchand dans les Echos du 18 août