Une dizaine de salariés et ex-salariés dénoncent les pratiques douteuses du zoo d’Amnéville dans la vallée de la Moselle, révèle une enquête de France Bleu Lorraine Nord. Parmi ces pratiques : le fichage de salariés, des vidanges dans la nature, des salaires non déclarés et des animaux enterrés. Le zoo, criblé de dettes, est attaqué par 120 personnes aux prud’hommes.
Une liste noire de salariés et de visiteurs
Un fichier Excel portant le nom « Olive Black List » contenant 214 noms, mis en ligne par France Bleu, aurait été tenu par plusieurs personnes dans les bureaux du zoo. Dans cette liste noire, on retrouve les noms de certains salariés surlignés en jaunes et accompagnés de mentions : « Élément perturbateur au service restauration », « problème prud’homme », « problème en caisse » ou encore « problème en fin de contrat, a réclamé des heures impayées ». Un ancien salarié avait dénoncé l’existence de ce fichier à la police en 2019, mais il n’y a pas eu d’enquête. Michel Louis, le directeur du zoo, nie l’existence de cette liste.
La politique des salaires est aussi mise en cause par d’anciens employés.« Une caissière à plus de 3 000 euros par mois, ça paraît énorme, non ? », selon un ancien proche de Michel Louis. Une partie des salaires était aussi versée en liquide, révèle l’enquête.
Officiellement le zoo d’Amnéville est constitué en SCOP, société coopérative et participative : autrement dit, il est la propriété des salariés. Pourtant, selon les informations de France Bleu Lorraine Nord, 120 salariés ont saisi le conseil des prud’hommes de Metz dont un certain Michel Louis ! Le patron a attaqué son propre zoo « pour se protéger » en cas de liquidation. L’audience est programmée le 3 février 2020.
Les eaux usées déversées dans la nature
Le zoo d’Amnéville ne semble pas avoir non plus de pratiques très écologiques. Fin novembre, des tuyaux et des tubes qui sortent du parc ont déversé du liquide dans la forêt à six endroits différents. L’eau sombre et pleine de mousse coule abondamment au pied de l’enclos des gorilles. La mairie d’Hagondange dit que « tout va bien », mais Julie, une ancienne salariée pense que « le maire ferme les yeux ». Un autre va plus loin : « Les eaux usées des tapirs, des tamanoirs, des jaguars, des perroquets, des manchots partent dans la nature, avec parfois des produits détergents comme du chlore ou de l’acide chlorhydrique ».
Si la réputation des soigneurs n’est pas en cause au zoo d’Amnéville, Julie avoue avoir « enterré l’éléphante Catarina ». Un proche de Michel Louis évoque d’autres animaux : « Un lion, un puma, un boa… On n’avait pas les moyens de payer l’équarrissage, alors on acceptait, pour la boîte ». Des animaux morts parfois de façon suspecte : « C’est le cas d’une girafe, enterrée sur place, ou un crocodile victime d’une erreur de température de l’eau », raconte Alexandre qui était alors aux affaires. Autre exemple celui de YaKwanza, le gorille mort le 22 mai 2017 à l’âge de 32 ans. A l’époque, le zoo avait annoncé « une rupture d’anévrisme » sur sa page Facebook. Alexandre confie aujourd’hui qu’« il est mort d’une erreur d’anesthésie ».
« Tout est bidon » selon le directeur du zoo
A la mairie d’Amnéville, à la mairie d’Hagondange, au département de la Moselle, à la Région Grand Est, tout le monde a les yeux tournés vers le zoo d’Amnéville, placé en redressement judiciaire, qui est une vitrine pour les collectivités. L’audience de la chambre commerciale du tribunal de Metz a lieu 18 décembre prochain. Deux repreneurs potentiels sont sur le coup : un fonds d’investissement parisien et des investisseurs locaux.
Michel Louis n’a pas souhaité s’exprimer sur France Bleu Lorraine Nord. Il affirme que « tout est bidon » et promet une réponse judicaire.
Source France Info