Communiqué de presse
(Nairobi, Kenya – 9 juin 2015)
IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux, www.ifaw.org) se réjouit de l’arrestation, au Kenya, de trois cadors du trafic d’ivoire qui auraient un lien avec les sept tonnes d’ivoire saisies à Singapour et en Thaïlande depuis la fin du mois d’avril.
Une équipe d’intervention inter-agences a arrêté les suspects, un riche homme d’affaires et ses deux fils, dans un quartier aisé de Mombasa la semaine dernière. D’après la presse, le trio qui a comparu devant la cour vendredi dernier porte à 14 le nombre de personnes arrêtées dans le cadre d’enquêtes sur l’expédition illégale d’ivoire depuis le port de Mombasa.
Deux cargaisons d’ivoire ont quitté le port de Mombasa dans des conteneurs censés transporter des feuilles de thé. Le 25 avril, les autorités thaïlandaises ont effectué une première saisie de trois tonnes d’ivoire. D’après les rapports officiels, la cargaison avait transité par plusieurs ports au Sri Lanka, en Malaisie et à Singapour avant d’être découverte à son arrivée en Thaïlande.
La saisie de 3,7 tonnes d’ivoire à Singapour le 19 mai était la deuxième plus grosse prise effectuée sur l’île depuis une dizaine d’années.
La descente policière au domicile des suspects à Mombasa a permis de mettre au jour de nombreux documents d’identité Kenyans et Tanzaniens à différents noms. L’enquête a été menée par des agents provenant de plusieurs administrations officielles du Kenya et par INTERPOL.
« Ces arrestations montrent formidablement comment la coopération inter-agences peut faire avancer la lutte contre le braconnage des éléphants et le commerce illégal », déclare James Isiche, Directeur régional Afrique de l’Est d’IFAW.
« Aucun pays ni aucune organisation ne peut combattre le massacre et le trafic de la faune sauvage de manière isolée. Il faut par conséquent nouer des partenariats solides incluant non seulement les états mais aussi les agences internationales. IFAW soutient avec ferveur ce genre d’initiatives et estime qu’une approche coordonnée entre les agences et les gouvernements des pays d’origine, de transit et de destination est essentielle dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages », poursuit-il.
« La coopération avec des agences telles qu’INTERPOL et les agences d’autres pays est essentielle pour identifier et poursuivre ceux qui tirent les ficelles du massacre tragique des éléphants. »
Ce week-end, le président kenyan Uhuru Kenyatta s’est engagé à arrêter et poursuivre tous les fonctionnaires impliqués dans le trafic d’ivoire. Lors d’un événement au Centre international de conférence Kenyatta, il a ainsi déclaré : « si des fonctionnaires de l’administration fiscale et des autorités portuaires ferment les yeux sur l’exportation d’ivoire pour empocher quelques shillings, ils détruisent le patrimoine de ce pays et l’avenir de ses enfants. »
À propos des arrestations de la semaine dernière, le président Uhuru Kenyatta s’est engagé à faire en sorte que « tous ceux qui sont impliqués dans cette opération de contrebande soient arrêtés et placés derrière les barreaux. »
James Isiche a par ailleurs réaffirmé le soutien d’IFAW au gouvernement kenyan dans la lutte contre le braconnage.
Et d’ajouter : « La promesse faite par le président en personne de mener la guerre contre le trafic d’ivoire est une très bonne nouvelle et doit encourager les autres dirigeants de la région (où est fait l’essentiel des saisies d’ivoire dans le monde) et du monde à faire de même. Le Kenya ne pourra se défaire de sa réputation de plaque tournante du trafic qu’en brisant les cartels et en condamnant les principaux responsables, qu’ils soient contrebandiers ou fonctionnaires corrompus. »
A ce jour, quatorze personnes ont été arrêtées à la suite des saisies d’ivoire opérées en Thaïlande et à Singapour. D’après une déclaration de Joseph Naikassery, ministre de l’Intérieur au Kenya, les informations collectées suggèrent que la vente d’ivoire aurait pu servir à financer un groupe sécessionniste au Kenya.
Une semaine avant la saisie du 25 avril en Thaïlande, les autorités avaient procédé à la plus grande saisie d’ivoire de l’histoire du pays, interceptant pas moins de quatre tonnes lors d’une escale entre la République démocratique du Congo et le Laos. Au total, les médias font état de plus de 16 tonnes d’ivoire saisies depuis le 1er janvier 2015.
La majeure partie de l’ivoire illégal est destinée à l’Asie et en particulier à la Chine, où cet « or blanc » tant convoité a connu une augmentation considérable de sa valeur en tant que véhicule d’investissement. La quantité limitée d’ivoire légal acheté par la Chine lors de la vente de stocks de certains pays d’Afrique australe en 2008 a fait exploser la demande, encourageant ainsi le trafic de l’ivoire et le braconnage des éléphants pour répondre aux besoins du marché.
Dans son rapport la Nature du crime, préfacé par Nicolas Hulot, Envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète, et Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères, IFAW rappelle la menace que représente le trafic pour les animaux tels que l’éléphant, le rhinocéros mais aussi pour les êtres humains.
Dans le cadre d’une initiative internationale visant à renforcer les capacités de lutte contre ce trafic, IFAW forme les agents des forces de l’ordre à la prévention du trafic d’espèces de faune sauvage dans de nombreux pays d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie, d’Océanie et des Caraïbes. IFAW a également signé un mémorandum d’entente avec INTERPOL, le tout premier conclu entre le Programme d’INTERPOL contre la criminalité environnementale et une ONG. Les deux organisations ont collaboré sur de nombreux projets depuis 2005, et notamment en 2012 lors de la plus grande opération de lutte contre le trafic d’ivoire jamais menée par INTERPOL.
Contact :
Jacqueline Nyagah (IFAW Kenya) Tél. : +254 722 205 556 ; Mobile : +254 734 929 293 ; Email : jnyagah@ifaw.org