Vue d’hélicoptère, la canopée du parc national de Minkébé, aux confins septentrionaux du Gabon frontaliers du Cameroun et du Congo, forme un tapis vert s’étendant à perte de vue. L’immobile uniformité n’est brisée, ici ou là, que par la nervure de rivières boueuses ou un vol d’oiseaux. Pas de route, ni de village. Minkébé est un miracle de la biodiversité grandement préservée des attaques de l’homme. Ou presque. Au niveau du sol, au pied des arbres qui tutoient le ciel, se déroule une autre bataille. Une centaine de militaires et gardes forestiers traquent comme ils le peuvent, sur 7 000 kilomètres carrés, des bandes de braconniers qui, en quelques années, ont déjà décimé là 12 000 des 25 000 éléphants de la région, convoités pour leur ivoire, écoulé à prix d’or sur le marché chinois.
Une guerre inégale et asymétrique comme vient de le découvrir Allogo Ovono, capitaine dans l’armée de l’air, en débarquant ici il y a quelques jours. « Les problèmes logistiques sont colossaux. » Le capitaine manque de radio pour communiquer avec les trois petites unités établies à plusieurs jours de marche de son camp, de nourriture pour ses hommes, d’essence pour ses pirogues… « D’un ballon de foot pour mes hommes et de bière », ajoute-il sérieusement.
« Les Pygmées sont utilisés, parfois contre leur gré, comme chasseurs », explique Joseph Okouyi, le conservateur du parc national
Il lui a fallu trois jours de pirogue, avec hommes, armes, bagages et ravitaillement, pour rejoindre sa base de Minkébé depuis Mayibout et relever le contingent précédent. « On…
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