Selon une étude, ces mammifères dépensent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Les chercheurs s’interrogent sur leur capacité de survie alors que les distances qu’ils doivent parcourir s’allongent.
On les a vus hagards, faméliques, errant à la recherche de nourriture sur des confettis de banquise. On a perçu, derrière ces ours polaires, l’effet dramatique du changement climatique. Une nouvelle étude confirme que ce dernier met en danger cette espèce emblématique de l’Arctique, d’une manière plus critique que ce que l’on pensait jusqu’alors.
Les travaux, issus de scientifiques américains et canadiens et parus dans la revue Science vendredi 2 février, montrent que ces mammifères dépensent beaucoup plus d’énergie qu’ils n’en consomment, interrogeant de fait leur capacité de reproduction et de survie.
Partout la banquise se réduit comme peau de chagrin. Sa superficie pérenne décroît à un taux de 14 % par décennie, la débâcle printanière se produisant plus tôt tandis que l’englacement automnal débute plus tard. Or, cet environnement constitue à la fois l’habitat des ours polaires, leur lieu de reproduction et de chasse. La disparition de la glace de mer et sa fragmentation réduisent l’accès des prédateurs à leurs proies favorites, les phoques, qui constituent 90 % de leur alimentation. Les plantigrades doivent dorénavant marcher et nager davantage, sans garantie de succès car, dans certaines régions, l’abondance de la nourriture décline en même temps que la banquise.
En 2010, des travaux avaient montré que, chez les adultes, la mortalité due à la famine augmenterait de 6 % à 48 % si le jeûne qu’ils observent durant l’été s’allongeait de 120 à 180 jours. Un an plus tard, une autre étude révélait que les oursons forcés de nager sur de plus grandes distances avec leur mère succombaient 2,5 fois plus que ceux parcourant moins de kilomètres.
La situation semble si inquiétante que l’Union internationale pour la conservation de la nature a classé en 2015 le changement climatique comme la menace la plus importante pour les 26 000 ours polaires du monde. Les chercheurs estiment comme « hautement probable » une diminution de 30 % de la population d’Ursus maritimus d’ici à 2050, en raison des changements dans leur habitat – même si la réalité n’est pas la même dans tous les territoires qu’ils occupent ni pour l’ensemble des dix-neuf sous-espèces.
Colliers GPS, caméras et capteurs de pointe
Cette fois, les scientifiques se sont intéressés aux mécanismes physiologiques pouvant être à l’origine des déclins observés dans les populations ursines. Ils ont mesuré le bilan énergétique (dépenses et apports) d’ours sur le terrain pendant la saison critique du printemps, celle où ils chassent le plus et font des réserves de graisse pour l’année…
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Audrey Garric/Le Monde
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