Nos sept hôpitaux pour la faune sauvage ont à nouveau accueilli plus de 20000 animaux en détresse au cours de l’année passée, avec notamment une forte augmentation des admissions liées à la crise climatique.
Sur les 20283 animaux sauvages admis par les centres de soins LPO en 2022, 82,7% sont des oiseaux, 17% des mammifères, 0,3 % des reptiles ou des amphibiens. Grâce à l’engagement des équipes de salariés, volontaires et bénévoles, plus de 62% des animaux soignés ont pu être relâchés dans leur milieu naturel. Cette année encore, les hérissons, les martinets noirs et les moineaux domestiques forment le trio de tête des espèces recueillies, qui représente plus du quart du total.
Eté meurtrier
L’été est toujours la saison durant laquelle l’activité des centres est la plus intense, notamment en raison des oisillons qui quittent les nids à cette période et se retrouvent vulnérables au sol. Beaucoup sont alors ramassés par des humains sans que cela soit toujours nécessaire car, dans la majorité des cas, les jeunes restent nourris par leurs parents.
Mais l’été 2022 a surtout connu une très forte augmentation des animaux accueillis suite à des épisodes climatiques extrêmes avec plus de 7% des admissions en 2022 contre 0,9% en 2021. Plus des deux tiers de ces prises en charges ont été effectuées en seulement 4 mois, entre début mai et fin août.
Mi-juin, le centre LPO AURA de Clermont-Ferrand a ainsi recueilli des centaines d’oiseaux gravement blessés par un orage de grêle qui a fait plus de 10 000 victimes parmi les espèces urbaines (étourneau, corbeau, merle, pigeon, tourterelle, choucas, etc.). Complètement saturé, le centre a été dans l’impossibilité d’accepter de nouveaux animaux durant plusieurs semaines.
En parallèle, la canicule a touché une grande partie de la France, entrainant une surchauffe des nids, notamment pour les martinets, moineaux et hirondelles qui nichent sous les toits. Les oisillons cherchent alors à se rafraichir et tombent malheureusement très souvent au sol. Beaucoup ont alors été redirigés vers les centres de soins, engendrant un surcroît d’activité pour nos structures déjà en ébullition. Débordé par les sollicitations et les arrivées massives d’animaux en détresse, le centre LPO Occitanie de Villeveyrac (Hérault) a aussi du stopper les admissions le temps que la situation se normalise.
Suite aux importants incendies en Gironde, le centre LPO Aquitaine d’Audenge, qui célèbre ses 20 ans ce 18 mars 2023, a reçu une trentaine d’animaux brûlés ou intoxiqués par les fumées, notamment des jeunes écureuils et chevreuils, et géré de très nombreux appels.
La sécheresse a causé de graves pénuries d’eau dans le sud de la France, ce qui a contraint le centre LPO PACA situé à Buoux (Vaucluse) à arrêter temporairement l’accueil de nouveaux animaux. Les soigneurs récupéraient de l’eau avec des seaux dans les communes des alentours pour continuer de s’occuper des animaux déjà en soins.
Grippe aviaire
Depuis le début de l’année 2022, les oiseaux doivent en outre affronter l’épidémie d’influenza aviaire hautement pathogène qui fait des dégâts sans précédent à l’échelle mondiale. Afin de limiter les risques de contagion, les centres de soins LPO de l’Ile Grande (Côte d’Armor) et d’Audenge (Gironde) ont suspendu l’accueil de certaines espèces d’oiseaux marins particulièrement touchées par le virus (fous de Bassan, goélands et mouettes).
Il est possible d’aider les centres en devenant bénévole secouriste pour participer aux soins ou transporter les animaux. La LPO explique également les bons gestes à adopter face à un animal en difficulté grâce à des fiches conseils.
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « La nette augmentation du nombre d’animaux sauvages victimes d’épisodes météorologiques extrêmes constitue une nouvelle illustration du lien indissociable entre changement climatique et déclin de la biodiversité. Il n’y a pas d’autre option que de se mobiliser sans relâche pour préserver la faune qui en est victime. »
Photo : centre de l’Ile grande (Côtes d’armor)