Le groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité a rendu hier lundi 6 mai un rapport alarmant : selon eux, un million d’espèces seraient menacées de disparition, sur les huit que compte notre planète. Une disparition accélérée qui touche particulièrement le Brésil.
De notre correspondant,
Le Brésil abrite plus de la moitié de la biodiversité mondiale mais dans ces zones vitales comme la région amazonienne ou celle marécageuse du Pantanal, les espèces disparaissent progressivement. Les rédacteurs du rapport soulignent notamment le rôle de la déforestation – en rappelant qu’un tiers de la couverture forestière de la Terre a disparu depuis l’ère préindustrielle. Et surtout la production agricole mondiale a triplé en 50 ans. Au coeur de cette métamorphose, le Brésil porte une lourde responsabilité. L’Amazonie compte un nombre incalculable d’espèces : plus de 40 000 sortes de plantes, 3 000 de poissons, mais aussi 1 300 espèces d’oiseaux différentes, sans compter les centaines de reptiles. Pourtant la déforestation ne cesse d’y progresser : sur ces 12 derniers mois, elle augmenté de 24%.
Le Brésil, royaume de la biodiversité
La zone du « Cerrado », composée de savanes et de forêts, couvre environ un tiers du Brésil. Cet écosystème a perdu la moitié de sa surface en 30 ans. Une région d’une importance capitale pourtant car 40 % des espèces qui y vivent sont endémiques – on ne les retrouve pas ailleurs. Et puis il y a surtout la région du Pantanal, la plus grande zone de marais au monde. Un environnement unique pour la préservation de la biodiversité. Les marais ne représentent que 1 % des terres, mais on y retrouve 10 % des espèces connues dans le monde. Et partout au Brésil, cette menace qui pèse sur ces sanctuaires de la biodiversité, provient du secteur agricole, la culture du soja, ou du maïs et l’élevage de bœufs – dont le Brésil est l’un des principaux exportateurs mondiaux. Comme les experts de l’ONU le rappellent, ce secteur est un grand consommateur d’eau et de céréales, gorgées de pesticides, nécessaires pour nourrir et élever les animaux – mais excessivement nocifs pour l’environnement.
Jair Bolsonaro ne cache pas son désintérêt pour l’environnement
Cette situation ne risque pas de changer, en tout cas, pas sous le nouveau gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro. La protection de l’environnement, celle des espèces menacées, ce n’est en effet pas la priorité de son nouveau gouvernement. Jair Bolsonaro est allié avec le groupe parlementaire très puissant du secteur de l’agro-business, et compte au contraire appuyer la production agricole et minière, pour qu’elles continuent de s’étendre. Son gouvernement a autorisé la mise sur le marché brésilien de plus 150 nouveaux pesticides depuis le début de l’année provoquant de nombreuses critiques, pour leur impact sur la santé humaine. Les conséquences sur l’environnement seront, elles aussi, désastreuses.
Source : RFI