Des chercheurs du CNRS et de l’université de Montpellier expliquent que le nombre d’oiseaux a notamment baissé de 57% en milieu agricole. Le réchauffement climatique joue également un rôle dans la réduction des populations de ces animaux.
Les chiffres donnent le vertige. Près de 800 millions d’oiseaux ont disparu depuis 1980, soit 20 millions chaque année, selon une étude du Centre national pour la recherche scientifique (CNRS) et de l’université de Montpellier publiée lundi 15 mai dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). « Le nombre d’oiseaux a décliné de 25% en 40 ans sur le continent européen », souligne un communiqué de presse, et le chiffre atteint même « 57% pour les oiseaux des milieux agricoles ».
Le principal responsable de la réduction du nombre d’oiseaux est « l’intensification de l’agriculture », c’est-à-dire « l’augmentation de la quantité d’engrais et de pesticides utilisée par hectare ». Le déclin est particulièrement fort chez les espèces d’oiseaux insectivores, notamment à cause de ces produits qui perturbent la chaîne alimentaire. L’augmentation des températures liée au réchauffement climatique a aussi un fort impact sur les populations d’oiseaux, selon les chercheurs. Le nombre d’oiseaux forestiers a également diminué de 18% et les oiseaux urbains de 28%.
Près de 75% de réduction pour certaines espèces
L’étude, menée en collaboration avec des chercheurs européens, l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier et le Centre d’écologie et des sciences de la conservation, s’est intéressée aux pressions liées à l’activité humaine sur les espèces d’oiseaux. Les scientifiques ont travaillé sur « le jeu de données le plus complet jamais réuni », affirme le CNRS, soit « 37 ans de données de 20 000 sites de suivi écologique dans 28 pays européens, pour 170 espèces d’oiseaux différentes ».
En France, l’un des pays où « la surface agricole exploitée de manière intensive est la plus élevée », le nombre d’oiseaux agricoles et forestiers « a diminué de 43% et 19% respectivement », tandis que « le nombre d’oiseaux nichant en milieu urbain a, lui, augmenté de 9%« . Le CNRS alerte sur le sort de plusieurs espèces, dont le moineau friquet, le tarier des prés et le pipit farlouse, dont les populations ont baissé de 75%. Les conclusions de l’étude « démontrent l’urgence de repenser le mode de production alimentaire actuel », conclut le communiqué de presse.
Photo : Un tarier des prés sur une branche dans les Abruzzes (Italie), le 9 novembre 2020. (SAVERIO GATTO / BIOSPHOTO / AFP)