Les plantes invasives ne sont pas seulement une menace pour la biodiversité, elles pourraient aussi en être une pour le climat. Selon une étude publiée vendredi 29 mai dans la revue Science, elles pourraient favoriser la libération de CO2 par les sols, du fait d’une faible interaction avec la microfaune présente dans le sol.
Dans son rapport publié en mai 2019, l’IPBES identifiait les espèces invasives parmi les cinq grandes menaces pesant sur la biodiversité. Le rythme de ces invasions par des espèces exotiques, introduites volontairement ou non, ne cesse de s’accroître, menaçant les espèces locales, parfois la santé humaine –comme l’ambroisie, fortement allergisante.
Or les plantes invasives pourraient aussi être néfastes au cycle du carbone qui s’exerce dans le sol. Pour montrer cela, Lauren Waller, de l’université de Lincoln (Nouvelle-Zélande), et ses collègues ont mené une étude sur 160 pots contenant des proportions variables d’espèces végétales locales ou invasives, faisant aussi varier la présence de microorganismes du sol et d’insectes, dont des sauterelles et des scarabées.
SANS COÉVOLUTION, LE CYCLE CARBONE S’EMBALLE
Leurs résultats montrent une altération du cycle du carbone, directement lié aux interactions avec cette microfaune de microorganismes et d’insectes. Ces relations se trouvent en effet bouleversées, du fait de l’absence de coévolution entre les plantes invasives et ces organismes. Ce phénomène aboutit à une respiration microbienne accrue dans le sol, favorisant la minéralisation du carbone organique, et donc sa libération sous forme de CO2.
Selon les chercheurs, les plantes invasives, plus souvent fixatrices d’azote que les espèces locales, favorisent les microorganismes, bactériens ou fongiques, accélérant le cycle du carbone au détriment de ceux le ralentissant. De même, elles seraient plus attractifs pour les insectes, dont elles favorisent la croissance –ce qui, là aussi, accélère le cycle du carbone.
photo : L’ambroisie, originaire d’Amérique du Nord DR