Jusqu’à 10 000 dauphins et marsouins meurent chaque année le long des côtes françaises, de la Bretagne au Pays basque. La situation est devenue si critique que les scientifiques estiment que les petits mammifères marins risquent l’extinction régionale.
Mais le gouvernement a renoncé à protéger les dauphins et laisse perpétrer le massacre.
Il nous reste une semaine pour convaincre le gouvernement d’agir : une consultation publique est ouverte jusqu’au 28 septembre 2023, nous permettant de faire entendre nos voix.
Le carnage a trop duré
Depuis des années, les dauphins et marsouins communs s’échouent par milliers sur nos plages atlantiques. Les chercheurs de l’observatoire PELAGIS à La Rochelle ont calculé que pour 1 000 échouages visibles, entre 5 000 et 10 000 dauphins meurent en mer de façon « invisible » car leurs carcasses coulent à pic.
C’est une hécatombe.
Les dauphins vivent jusqu’à 40 ans mais ne se reproduisent qu’entre 8 et 15 ans. Ils ne font qu’un petit à la fois, après une gestation de 10 mois. Cette fertilité faible et tardive les rend extrêmement vulnérables.
→ Voir « Pourquoi tant de dauphins échoués sur les plages ? », Journal du CNRS
Quelle est la cause de leur décès ?
Pourquoi les dauphins et les marsouins meurent-ils en masse ?
A cause de nous. A cause de notre désir de consommer du bar ou du merlu.
C’est tout.
En effet, 90% des dauphins échoués dans le golfe de Gascogne sont morts piégés dans des filets de pêche.
Mais s’il est possible d’indemniser les pêcheurs pour qu’ils suspendent leurs activités ou qu’ils se convertissent à des méthodes de pêche douces, compatibles avec la préservation des populations de cétacés, il est impossible de sauver les dauphins autrement qu’en cessant de déployer des filets dans tout le golfe de Gascogne.
Les mammifères marins évoluent depuis des millions d’années dans un océan libre, dénué de pièges, sans avoir à lutter contre des murs de fils de nylon invisibles dans lesquels ils ne peuvent que finir mortellement emmaillotés.
Malgré deux mises en demeure par la Commission européenne et une situation devenue hors de contrôle, la France a fait la sourde oreille et n’a pris aucune mesure. Les ONG ont dû monter au créneau.
La mobilisation sans faille des ONG
Des associations environnementales comme France Nature Environnement, Sea Shepherd France, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et Défense des Milieux Aquatiques ont dénoncé sans relâche le massacre des dauphins en cours. Les associations ont même saisi le Conseil d’État pour mettre fin à la disparition programmée des petits cétacés dans le golfe de Gascogne.
Et elles ont gagné la première manche !
Le 20 mars dernier, le Conseil d’État a enjoint au gouvernement de « prendre des mesures de fermeture de la pêche appropriées sous six mois » pour éviter l’extinction régionale du dauphin et du marsouin communs.
La réponse clientéliste du gouvernement
L’exécutif avait jusqu’au 20 septembre pour agir, mais malgré la mort de milliers de dauphins supplémentaires, le gouvernement a attendu la dernière minute pour sortir un projet d’arrêté honteux.
Celui-ci balaie tout simplement les recommandations scientifiques qui préconisaient, comme conditions minimales pour permettre d’assurer la survie des espèces, de fermer les pêcheries à risques quatre mois par an dans l’ENSEMBLE du golfe de Gascogne.
Or le projet d’arrêté publié par le gouvernement ne propose qu’une fermeture d’un mois par an de la pêche et uniquement dans certaines zones du golfe de Gascogne.
Et devinez qui était à la manœuvre pour protéger les intérêts des pêcheurs au mépris de la biodiversité marine ? Le secrétaire d’État chargé de la Mer, Hervé Berville…
Encore lui !
Le retour du ministre-lobbyiste : le secrétaire d’État Hervé Berville
Vous rappelez-vous d’Hervé Berville ? C’est le secrétaire d’Etat-lobbyiste du chalut breton qui avait affirmé en mars dernier qu’il était « totalement, clairement et fermement opposé » à la protection de l’océan.
Cette fois, il est déterminé à « totalement, clairement et fermement » laisser les dauphins se faire massacrer par les filets de pêche. Il a gagné le « bras de fer » contre le ministre de la transition écologique Christophe Béchu, avec l’appui de Matignon.
C‘est lamentable.
Mais pas question de laisser des politiques cyniques détruire le monde vivant sans se battre.
Sept jours pour agir
Ce projet d’arrêté scandaleux fait l’objet d’une consultation publique : c’est l’opportunité pour tous les défenseurs de l’océan de dire que nous refusons de voir les dauphins s’échouer sur nos côtes jusqu’à l’extinction.
Pour participer, il suffit d’envoyer un mail pour marquer (fermement mais courtoisement) votre désaccord avec le projet d’arrêté avant le 28 septembre 2023 à l’adresse suivante :
consultations-spmad@
N’oubliez pas de mettre BLOOM (adresse consultation@bloomassociation.
Si vous voulez étoffer vos propos, France Nature Environnement a créé un site extrêmement bien fait avec une liste d’arguments détaillés à faire valoir lorsque vous vous exprimerez.
Toutes les voix sont bonnes à prendre : les mails experts comme les messages courts venus du cœur.
Merci infiniment pour votre mobilisation.
Photo
: Jérôme Graefe/FNE