Capture de dauphins : le Sénat valide les fermetures de pêche

Un rapport sénatorial reconnaît que la suspension hivernale de certaines pratiques de pêche dans le golfe de Gascogne demeure une mesure indispensable pour limiter la mortalité des cétacés.

La commission des affaires économiques du Sénat a adopté le 9 avril les conclusions de la mission d’information relative aux conséquences de la fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne un mois par an de 2024 à 2026, et aux solutions alternatives à cette interdiction. Ce rapport reconnaît avec lucidité que cette interruption spatio-temporelle des pratiques les plus à risques, imposée par le Conseil d’État en mars 2023, a été rendue inévitable par une action trop tardive et insuffisante de l’État face à la problématique des captures accidentelles de cétacés, pourtant bien documentée depuis les années 1980.

Entre 2017 et 2023, en moyenne 6 100 dauphins communs sont morts chaque hiver dans le golfe de Gascogne, piégés dans des filets de pêche. Ce niveau de mortalité dépasse très largement le seuil au-delà duquel le maintien dans un état de conservation favorable de cette espèce strictement protégée n’est plus garanti. À ce rythme, la viabilité de la population au large des côtes françaises serait compromise d’ici moins de 50 ans.

Mortalité divisée par quatre

La suspension de la pêche pendant un mois à partir de 2024 a permis une réduction de 75% du nombre de dauphins tués. Sa reconduction en 2026 sera donc essentielle pour garantir la sauvegarde du mammifère marin tant que des solutions alternatives n’auront pas démontré leur efficacité. Lancé en 2022 par La Rochelle Université , le CNRS et l’ Ifremer en partenariat avec l’Université de Bretagne Occidentale ( UBO ), le Comité national des pêches ( CNPMEM ), et l’Office Français de la Biodiversité ( OFB ), le projet Delmoges ( DELphinus MOuvements GEStion ) cherche actuellement à mieux comprendre les mécanismes à l’origine des captures de dauphins communs avec l’objectif de trouver comment y mettre un terme.

En parallèle, un dialogue constructif doit être rétabli entre les acteurs de la filière pêche, les scientifiques et les associations de protection de la nature afin de renforcer les connaissances et d’identifier les moyens permettant de réconcilier les activités halieutiques et la préservation de la biodiversité. Or les travaux du Groupe technique national de réduction des captures accidentelles de petits cétacés dans le golfe de Gascogne , qui avaient été mis en place par le gouvernement dans ce mais, sont actuellement en jachère.

Les impacts écologiques de la pêche industrielle sont cependant loin de se limiter à la question des dauphins. La destruction des habitats naturels, la surexploitation des stocks, ou encore les pollutions diverses contribuent chaque jour à dégrader davantage les écosystèmes océaniques. Une refonte en profondeur des modes d’exploitation des ressources marines à l’échelle mondiale est indispensable. Des décisions ambitieuses sont attendues à ce titre lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan ( UNOC 3 ), qui se tiendra du 9 au 13 juin 2025 à Nice, et où la France devra se montrer en exemplaire.

Pour Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO : « Le massacre silencieux des dauphins le long des côtes françaises ne pouvait plus durer. Le Sénat reconnaît aujourd’hui que l’interruption de la pêche n’est pas une option mais un impératif moral et écologique. Une mobilisation collective reste nécessaire pour faire émerger des solutions durables sur l’exploitation de l’océan. Il en va de la survie des cétacés, mais aussi, plus largement, de celle de la planète. »

Photo : ©JBDumond2022