Le barrage a été construit en 1941 sur le Haut Allier, sur les ultimes meilleurs habitats du saumon atlantique du bassin de la Loire, à 900 km de l’estuaire.
Il restait à l’époque sans doute 10 000 poissons qui faisaient la migration et une centaine à la fin des années 90.
Le barrage EDF faisait 18 mètres de hauteur, produisait de quoi alimenter une ville de 25 000 habitants environ (40 GWh).
En suite de la campagne lancée par le WWF-France, ERN, d’autres ONG en 2002, au moment du renouvellement de la concession, le Grenelle de l’Environnement a décidé de l’effacer. Un compromis, permettant de concilier production d’électricité renouvelables (avec un maintien de 85 % du productible) et de rendre le barrage transparent pour le saumon, les autres migrateurs et les sédiments a été définitivement validé en 2018.
EDF a baissé durant l’été 2019 de 7 mètres le niveau de la retenue et procède à l’enlèvement des trois vannes, de 30 tonnes chacune, installées sur l’ouvrage. L’enlèvement est le signal, tant attendu, de la reconfiguration complète de cet ouvrage, une première en Europe, et sans doute dans le monde, le compromis trouvé permettant de concilier production d’électricité renouvelable et restauration complète de la continuité écologique sur le Haut Allier, avec l’ouverture complète des nouvelles vannes qui seront posées sur l’ouvrage pendant 3 mois, durant la période de montaison des saumons.
Le chantier devrait être terminé en hiver 2012 – 2022. Le Chant des Rivières, ERN, la fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques de Haute-Loire, le Conservatoire National du Saumon Sauvage, beaucoup d’élus, dont Jean-Pierre Vigier, le parlementaire local, Marie-Laure Mugnier, conseillère départementale de la Haute-Loire étaient présent pour cet enlèvement d’une portée symbolique remarquable, couronnant 20 années de travail des ONG, puis de tout le territoire.
A noter que, au printemps 2019, le Conservatoire National du Saumon Sauvage a enfin reçu l’autorisation de déverser à nouveau des alevins de saumon en amont de l’ouvrage, permettant de réamorcer le cycle de retour du saumon très en amont sur le bassin.
A terme, la restauration des habitats et le repeuplement devraient permettre le retour de 3000 saumons sur le Haut Allier, permettant de reprendre une activité de pêche récréationnelle, sur le modèle anglo-saxon, adapté au contexte français, générant des ressources dans un territoire rural en difficulté qui pourra ainsi créer des richesses à partir de sa biodiversité aquatique, unique en Europe.
Martin Arnould / Le Chant des Rivières / Rivières sauvages