La plus haute juridiction administrative française a demandé à la justice européenne de se prononcer sur la légalité de la chasse à la glu, une technique traditionnelle pratiquée dans le Sud-Est et très décriée. Elle consiste à enduire des tiges de colle pour capturer grives et merles qui s’y posent.
Cette pratique est bannie par une directive européenne depuis 2009, avec toutefois des possibilités de dérogation « s’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante » pour capturer certains oiseaux en petites quantités « dans des conditions strictement contrôlées et de manière sélective ». Le gouvernement, arguant qu’elle ne nuit pas à d’autres types d’oiseaux, fixe donc chaque année par arrêté le nombre de spécimens pouvant être capturés par département, pour un total d’un peu plus de 40.000.
Une « perspective pleine d’espoir »
La Ligue de protection des oiseaux (LPO) dénonce depuis des années ce mode de chasse et avait diffusé tout récemment des images d’autres espèces d’oiseaux pris par la glu. La LPO et l’association One Voice avaient attaqué devant le Conseil d’État les arrêtés pris en septembre 2018 pour la saison de chasse.
La plus haute juridiction administrative, qui avait jusqu’à présent rejeté les demandes d’interdiction, a cette fois estimé que la CJUE avait récemment modifié son interprétation du droit, entre autres sur la motivation des dérogations. Elle a en conséquence renvoyé vendredi sa décision à une réponse de la CJUE, saisie des questions suivantes : « La directive ‘Oiseaux’ interdit-elle un mode de capture dans lequel des oiseaux capturés et n’appartenant pas à l’espèce recherchée sont relâchés ? L’objectif de préserver le recours à des modes de chasse traditionnels peut-il justifier le maintien d’une dérogation ? »
Le directeur général de la LPO, Yves Verilhac, s’est félicité de ce développement. Il l’a qualifié de « perspective pleine d’espoir » au vu d’un « jugement de la CJUE qui a condamné Malte en 2018 pour les mêmes pratiques ».
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