Après avoir été reçu par la Ministre de la transition écologique Barbara Pompili le 17 juillet dernier, le Président de la Fédération nationale des chasseurs a cru utile de dénoncer publiquement la fin annoncée du piégeage à la glu, qu’il présente comme une pratique ancestrale, sélective et indolore pour les oiseaux. La LPO tient à rappeler quelques vérités.
La Ministre n’a pas décidé ni besoin d’interdire le piégeage à la glu. Cette pratique est déjà illégale depuis l’adoption de la Directive oiseaux par l’Union Européenne et sa transposition en droit français. Les gouvernements successifs ont contourné l’interdiction à travers des dérogations en prétextant que ce piégeage était sélectif et contrôlé. La Commission Européenne vient de rappeler la France à ses obligations par un avis motivé début juillet : le gouvernement a trois mois pour faire cesser cette pratique, soit jusqu’à début octobre, ainsi que le piégeage par des filets et matoles dans le Sud-Ouest, et la chasse aux oiseaux migrateurs en février de chaque année.
Car contrairement à ce que prétendent les chasseurs, la chasse à la glu est cruelle, non sélective et peu contrôlée. La LPO a pu le démontrer grâce à des caméras cachées et plusieurs rapports vétérinaires témoignent des dommages irréversibles causés aux oiseaux capturés. De nombreux chasseurs refusent de déclarer leurs sites de piégeage, souvent situés sur des propriétés privées à l’abri des regards. En outre, d’autres activités illégales se développent autour de la chasse à la glu. Un des principaux vendeurs de glu a ainsi été condamné en 2015 pour détention d’espèces protégées comme le Gros-Bec casse-noyaux et le Bouvreuil pivoine. Un important trafic de grives entre la France et l’Italie a également été découvert.
Le président de la FNC s’abrite derrière une soi-disant « ruralité » pour mieux se victimiser. A l’image de la société française, les chasseurs d’aujourd’hui sont pourtant devenus majoritairement urbains et moins de 5% d’entre eux sont agriculteurs*. Les piégeurs que nous avons pu observer dans la garrigue arrivent souvent au volant de 4×4 rutilants en empreintant les pistes de défense contre les incendies, bien loin de l’image idyllique de la campagne traditionnelle… Par ailleurs, d’après un sondage IFOP effectué en juillet 2020 : 77% des personnes vivant en milieu rural se déclarent en faveur d’un référendum d’initiative partagée pour le bien-être animal, initiative à laquelle est associée la LPO et dont l’une des mesures proposées est justement l’interdiction de la chasse à la glu !
Plutôt que de chercher à opposer de manière irresponsable citadins et ruraux, il est grand temps de se plier au droit et de répondre à l’attente de l’ensemble des Français, des villes comme des campagnes, afin de faire cesser les chasses traditionnelles, mais également en retirant de la liste des espèces d’oiseaux chassables celles en mauvais état de conservation (soit 20 sur 64 chassables) et en mettant un terme à la chasse des oiseaux migrateurs en février.
* Société, Mode de vie, Loisirs de nature, Enjeux pour l’avenir de la chasse. Fondation François Sommer pour la Chasse et la Nature: