Ce devrait être notre préoccupation de chaque instant, ne serait-ce que par pur égoïsme : préserver l’air que nous respirons, la terre et les océans qui nous nourrissent, les sources qui nous hydratent… Tout ce qui nous permet de vivre en se renouvelant sans cesse. Le jour où terres et eaux seront trop polluées ou pillés pour produire le moindre être vivant, nous mourrons. Et pourtant, l’homme continue obstinément à dégrader la nature : 75 % de l’environnement terrestre et 66 % du milieu marin auraient été significativement modifiés par l’action humaine, selon un organisme intergouvernemental dédié, et les populations de vertébrés sauvages (poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles) auraient chuté en moyenne de 69 % dans le monde entre 1970 et 2018 selon l’ONG WWF. Au point de nous situer à l’aube d’une sixième extinction des espèces.
Preuve de cette indifférence à la tragédie qui vient, la 15e Conférence des Nations unies sur la biodiversité, la COP 15, s’ouvre ce mercredi à Montréal et l’on en entend bien moins parler que du risque de coupures d’électricité cet hiver ou du Mondial de foot au Qatar. Certes, ces deux derniers sujets sont de l’ordre de la préoccupation ou du plaisir immédiats alors que la perte de biodiversité est une affaire de long terme. Et c’est bien là le problème : l’homme a davantage tendance à privilégier le court au long terme.
«Après nous, le déluge», cette maxime est vieille comme le monde et nous a conduits là où nous en sommes. Malgré tout, il reste quelques motifs d’espoir, c’est ce que nous explique le président du Muséum national d’histoire naturelle dans une interview passionnante. La prise de conscience des dégâts que nous occasionnons n’a jamais été aussi grande, elle se répand partout, même au sommet des entreprises. Et surtout, le confinement nous l’a prouvé, la biodiversité est résiliente : si on lui flanque la paix, elle cicatrise. Il est donc encore temps d’agir, mais vite. La conscience citoyenne restera impuissante si elle n’est pas accompagnée d’une conscience politique forte. Et des financements nécessaires.