Cinq lauréates du prix Goldman pour l’environnement se mobilisent contre un projet qui piétine le climat, la biodiversité et les droits humains

Cinq lauréates du prix Goldman pour l’environnement appellent les acteurs financiers à cesser de soutenir la stratégie climaticide de TotalEnergies.À la veille de l’annonce des résultats annuels de TotalEnergies, cinq lauréates du prestigieux prix Goldman pour l’environnement (1) publient une tribune pour appeler les institutions financières à cesser de soutenir l’expansion pétrolière et gazière de la major française en Afrique, qui piétine le climat, la biodiversité et les droits humains. Aujourd’hui, elles interviendront au Parlement européen pour réitérer leur appel.

Les lauréates du prix Goldman ont écrit en novembre dernier à 78 banques, investisseurs et assureurs pour leur demander de s’engager à ne plus soutenir la stratégie d’expansion de TotalEnergies en Afrique, où la major française prévoit de développer de nombreux projets, notamment l’oléoduc EACOP (East African Crude Oil Pipeline) entre l’Ouganda et la Tanzanie ou encore l’exploitation de Luiperd et Brulppada, deux importants gisements de gaz offshore en Afrique du Sud (2). Deux mois plus tard, seules 4 institutions financières se sont engagées à ne pas soutenir TotalEnergies dans ses projets en Afrique du Sud (3).

Lucie Pinson, directrice et fondatrice de Reclaim Finance, déclare : « L’Agence internationale de l’énergie est claire – il n’y a pas de place pour de nouveaux projets pétroliers et gaziers dans un monde net zéro et les organisations de la société civile de toute l’Afrique appellent à une transition énergétique juste vers un avenir énergétique vert. Nous sommes déterminées à faire entendre leur appel et à le faire respecter par les entreprises et les institutions financières européennes. Les banques, les assureurs et les investisseurs doivent se retirer de TotalEnergies qui prévoit de faire exploser le budget carbone mondial et d’enfermer l’Afrique dans une dépendance aux énergies fossiles. »

Les lauréates, originaires de France, d’Allemagne et d’Afrique du Sud, réitéreront leur appel aujourd’hui en public dans une tribune et au Parlement européen, à la veille de l’annonce des résultats 2022 de la major pétrolière et gazière française TotalEnergies.

Claire Nouvian, fondatrice de l’ONG française BLOOM, déclare : « Chaque annonce de profits records par TotalEnergies ne fait qu’accélérer le chaos climatique et la destruction de la nature. Chaque dividende versé aux actionnaires de TotalEnergies a pour corollaire la destruction du monde naturel, détruisant les conditions mêmes qui rendent la vie possible sur notre planète. » 

Deux femmes viennent d’Afrique du Sud, où TotalEnergies prévoit d’investir 3 milliards de dollars dans le développement de réserves dans les eaux au sud du Cap, ce qui dévastera probablement les écosystèmes marins de l’Afrique du Sud et mettra en danger les nombreuses communautés côtières qui en dépendent.

Liziwe McDaid, fondatrice de l’organisation sud-africaine The Green Connection, ajoute : « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour stopper le projet de TotalEnergies sur nos côtes. Il est temps que les institutions financières européennes comprennent enfin que l’Afrique du Sud dispose de nombreuses ressources solaires et éoliennes, et que l’augmentation des énergies fossiles ne fera qu’aggraver les inégalités dans notre pays. Ce projet spécifique met en danger les moyens de subsistance des pêcheurs et menace nos océans. Nous voulons faire comprendre aux banques et aux investisseurs qu’ils ne peuvent pas le soutenir en notre nom.” 

Makoma Lekalakala, directrice d’Earthlife Africa, poursuit : « Les entreprises et les institutions financières françaises tentent une fois de plus d’influencer la politique énergétique sud-africaine pour leurs propres intérêts. Ce qu’ils ont fait pour le charbon, ils essaient de le refaire pour le pétrole et le gaz. Les décideurs européens disent qu’ils veulent soutenir un « partenariat pour une transition énergétique juste » avec l’Afrique du Sud, mais leurs grands mots sonnent creux tant qu’ils refusent d’entendre les demandes du peuple pour une « vraie » transition énergétique « juste”.” 

Heffa Shücking, fondatrice de l’ONG allemande Urgewald, conclut : « Chaque dollar dépensé dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers va à l’encontre de la feuille de route de 1,5°C établie par l’Agence internationale de l’énergie en 2021. Pourtant, TotalEnergies, que de nombreuses institutions financières disent en transition, est déjà responsable de plus de 14% de l’expansion à court terme du pétrole et du gaz en Afrique et est sur le point d’ajouter 2,27 milliards de barils d’équivalent pétrole à son portefeuille de production sur le continent. Il faut que cela cesse. Les institutions financières qui prétendent s’aligner sur 1,5°C doivent cesser de soutenir ce numéro un de l’expansion fossile en Afrique. » 

photo : De gauche à droite : Claire Nouvian (BLOOM), Heffa Schücking (Urgewald), Lucie Pinson (Reclaim Finance), Liziwe McDaid (The Green Connection).

Source :

Valérie de Baecque : valerie@press-consultant.com