Depuis ces vingt dernières années, plus de la moitié des océans du monde sont passés du bleu au vert, révèle une nouvelle étude. Pour les auteurs, ce phénomène pourrait être dû au dérèglement climatique qui bouleverse les écosystèmes.
En avril dernier, des scientifiques alertaient sur le changement de couleurs de nos forêts européennes. Voilà qu’une nouvelle étude montre que les océans perdent eux aussi leur teinte naturelle.
L’étude parue le 12 juillet dans la revue Nature révèle qu’au cours des vingt dernières années, plus de la moitié des océans (56%) ont changé de couleur, passant subtilement du bleu au vert dans certaines régions.
“Nous observons des changements de couleur qui apparaissent de manière significative dans presque tous les océans tropicaux ou subtropicaux”, a précisé le Dr B.B. Cael, principal auteur de l’étude, affilié au Centre Nationale d’Océanographie de Southampton (Royaume-Uni).
Une énième conséquence du changement climatique ?
Il s’agit probablement d’une énième conséquence du changement climatique, ont déploré les auteurs.
Observable grâce aux satellites, “la couleur de l’océan reflète l’état de l’écosystème”, a expliqué l’auteur. D’après son équipe et lui, ce changement de couleur pourrait être dû à l’impact du déréglement climatique sur les écosystèmes marins de surface, en particulier le phytoplancton. Ce terme désigne “l’ensemble des organismes du plancton appartenant au règne végétal, de taille très petite ou microscopique, qui vivent en suspension dans l’eau”, définit l’ENS de Lyon. Ils sont essentiels à la photosynthèse et à la production d’oxygène sur la planète, sans oublier qu’ils captent d’importantes quantités de CO2. Surtout, le plancton est à la base de la chaîne alimentaire de la plupart des écosystèmes océaniques.
Lorsque l’eau est plus verte, il est probable qu’il y ait plus d’activité notamment de la part de ce pigment vert lié à la chlorophylle. Or sa prolifération pourrait venir bouleverser toute la chaîne alimentaire.
C’est « effrayant »
Plus largement, les chercheurs de l’étude ont examiné sept teintes de couleur de l’océan grâce aux données du satellite MODIS-Aqua, entre 2002 et 2022. Celles-ci sont trop subtiles pour être perçues par l’œil humain. Les experts ont donc comparé les images satellites aux modélisations informatiques du changement climatique et ont conclu que les changements observés correspondaient étroitement à ce qui avait été prévu par ces modèles.
“Cela fait des années que je fais des simulations qui me disent que ces changements de couleur des océans vont se produire, déplore Stephanie Dutkiewicz, coautrice de l’étude.Le fait de voir que cela arrive réellement n’est pas surprenant, mais effrayant.”
Source : ça m’intéresse /