Facebook n’est pas uniquement un réseau social, c’est aussi une source d’informations sur la biodiversité très utiles pour les scientifiques. Grâce à ses contributeurs, les chercheurs sont capables de combler les manques d’informations sur certaines espèces rares.
Pour recenser, et ainsi protéger, la biodiversité, les scientifiques peuvent compter sur des bases de données mondiales telles que Global Biodiversity Information Facility (GBIF) qui regroupe des données de spécimens de musées, codes génétiques et photographies des espèces. Et aujourd’hui, avec la disponibilité quasi ubiquitaire des smartphones et la connexion aux réseaux sociaux, les citoyens du monde entier peuvent participer à ce recensement.
Les points chauds de la biodiversité
Une étude réalisée par une équipe de l’Université de Queensland en Australie, et parue dans la revue BioScience, montre l’importance de Facebook dans les études des points chauds de la biodiversité. Ces points chauds sont des lieux cruciaux dans le monde : ils comptent environ 50% des espèces (animales ou végétales), enregistrent une pression anthropique forte (pression liée aux activités humaines) et se concentrent sur 1,4% de la surface de la Terre (voir la carte ci-dessous).
Shawan Chowdhury, de l’Université de Queensland, et ses collaborateurs ont analysé les données du point chaud du Bangladesh et ont comparé les résultats de recensement obtenus par GBIF et Facebook. Le principe est simple : ils ont regroupé les photos d’espèces prises et postées par des internautes et, grâce aux localisations données par les photographes, ont créé une carte.
« Nous avons comparé les données (photos, ndlr) sur la biodiversité extraites de Facebook avec celles du Fonds mondial d’information sur la biodiversité (GBIF), en rassemblant des données géospatiales pour 1013 espèces uniques, dont 970 espèces provenant de Facebook et 712 espèces provenant du GBIF », expliquent les chercheurs dans leur étude. Les données de Facebook proviennent de sept groupes spécialisés dans la photographie d’espèces (amphibiens, reptiles, oiseaux, mammifères ou insectes) et régulièrement employés par des organismes régionaux ou des associations taxonomiques à des fins scientifiques.
Les réseaux sociaux, utiles pour la biodiversité des pays en développement
Les résultats sont éloquents : d’après les points GPS, Facebook et ses photos couvrent une bien plus grande partie du Bangladesh que GBIF (voir la carte ci-dessous). « Nous avons montré que les photographies récoltées sur Facebook peuvent jouer un rôle essentiel dans la réduction du déficit de connaissances sur la biodiversité dans les pays tropicaux en développement, riches en biodiversité, tels que le Bangladesh », notent les auteurs.
Sur Facebook, beaucoup d’espèces sont photographiées, notamment des espèces rares sur lesquelles les bases de données enregistrent peu d’informations. A titre d’exemple, 302 espèces n’ont été trouvées que sur Facebook, 44 espèces uniquement sur GBIF. Cependant, il existe une disparité entre les taxons (unités de classification regroupant plusieurs espèces possédant des caractéristiques communes, comme les oiseaux) : certains sont plus représentés sur Facebook que d’autres. « Facebook n’a fourni que 20 % de tous les enregistrements d’oiseaux, mais 93 % de tous les enregistrements de papillons. En revanche, nous n’avons obtenu aucune donnée sur les crustacés ou les poissons à partir de Facebook« , soulignent les chercheurs.
Des données à prendre avec des pincettes
Bien que les résultats soient très encourageants, il ne faut pas oublier que les données recueillies sur les réseaux sociaux dépendent de la densité de population. En effet, plus la population est dense, plus un même animal a une chance de se faire photographier. C’est pourquoi les chiffres sur les populations sont pris avec des pincettes par la communauté scientifique. « La promotion de hashtags internationaux normalisés pour les organisations non gouvernementales, les institutions et les citoyens scientifiques, pourrait permettre aux chercheurs d’accéder rapidement aux données et de les consolider », avertit l’équipe de recherche dans son étude.
Source : Sciences et Avenir