Du 7 au 19 décembre se déroule la quinzième conférence des Nations Unies sur la biodiversité à Montréal (Canada) à l’issue de laquelle la stratégie nationale française en la matière, aujourd’hui insuffisante, doit être finalisée.
La science est sans équivoque : la nature est en crise. L’érosion d’écosystèmes entiers et de plus d’un million d’espèces sauvages s’explique par les activités humaines. Par ailleurs, cet effondrement de la biodiversité est aujourd’hui indissociable des changements climatiques.
La COP15 doit permettre de fixer et atteindre des objectifs clairs et mesurables pour stopper et inverser la perte de biodiversité, tels que la protection efficace d’au moins 30 % des terres, des eaux douces et des aires marines à l’échelle planétaire d’ici 2030. Il n’est pas acceptable d’attendre encore 10 ans pour agir et d’avoir ensuite l’air surpris de ne pas y être parvenu comme c’est le cas avec les 20 objectifs d’Aichi définis lors de la COP10 organisée au Japon en 2010, qui sont encore très loin d’avoir été atteints 2 ans après l’échéance de 2020.
En outre, les actions de conservation et de restauration de la nature ne suffiront malheureusement pas si nous ne nous attaquons pas efficacement en parallèle aux facteurs de destruction identifiés : agriculture intensive et surpêche, exploitation de la faune sauvage, destruction effrénée des habitats naturels et changement climatique. La COP15 représente une nouvelle opportunité d’imposer la nature au cœur d’économies inclusives et durables. Les solutions à mettre en œuvre sont connues mais nécessitent un engagement politique fort et des moyens à la hauteur du défi. Alors que la moitié du PIB mondial dépend des services écosystémiques rendues par la nature, le budget actuel de financement pour préserver la biodiversité affiche toujours un déficit de l’ordre de 700 milliards d’euros par an d’ici 2030. Aujourd’hui 130 milliards sont mobilisés annuellement quand il faudrait atteindre au minimum 200 milliards tout en supprimant les 500 milliards par an de subventions néfastes pour la nature, en théorie interdites depuis 2020.
Stratégie française en suspens
En France, la troisième Stratégie nationale biodiversité (SNB3) traduira l’engagement tricolore au titre de la convention sur la diversité biologique pour la période 2022-2030. La LPO et 12 autres associations de protection de l’environnement ont publié le livre vert « Pour que vive la Nature » en réaction à l’avant-projet présenté par le gouvernement en mars 2022, qui doit justement être finalisé suite à la COP15. Ce document présente nos principales propositions pour une SNB3 plus ambitieuse, efficace et partagée.
Nous y déplorons des mesures incomplètes, mal priorisées et peu engageantes et une approche utilitariste, trop focalisée sur les humains pour saisir l’ensemble des enjeux de biodiversité et permettre de définir des solutions réellement adaptées et durables à la crise globale en cours. Tout en saluant la prise en charge de la planification écologique directement par la Première ministre, nos associations réclament notamment une loi de programmation budgétaire pluriannuelle pour assurer la mise en œuvre de moyens financiers à la hauteur d’objectifs mieux définis, et ainsi garantir des résultats concrets.
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « Malgré l’absence regrettable des chefs d’Etat, et donc d’Emmanuel Macron, à ce grand rendez-vous international pour la biodiversité qu’est la COP15, la France peut jouer un rôle moteur et montrer l’exemple en prenant les mesures qui s’imposent pour la sauvegarde du vivant. Nous connaissons les causes de son agonie, nous connaissons les solutions… reste à agir en urgence ».