Alors que depuis le début de l’hiver, ce sont des centaines de carcasses de dauphins qui sont retrouvées sur les plages de la côte Atlantique, vendredi 24 février à 14 heures, France Nature Environnement, Sea Shepherd France et l’association de Défense des milieux aquatiques (DMA) seront devant le Conseil d’Etat pour défendre notre demande d’une fermeture spatio-temporelle des pêcheries dans le golfe de Gascogne, et mettre fin aux massacres de dauphins et de cétacés par les bateaux de pêche français. Notre démarche s’est appuyée sur les rapports des scientifiques. Deux derniers rapports qui viennent d’être rendus publics alertent sur l’impérieuse nécessité d’agir vite, et d’agir efficacement. FNE
Voir le rapport de Pelagis : Dauphins Atlantique nord Pelagis
Le mercredi 22 février, la LPO a exposé 400 photos de dauphins en taille réelle sur l’Esplanade des Invalides à Paris pour sensibiliser l’opinion publique au massacre des cétacés dans le Golfe de Gascogne. De plus, elle va renforcer l’action juridique en cours contre l’État français afin d’obtenir la suspension urgente des pratiques de pêche en cause.
Depuis le mois de décembre 2022, plus de 400 cadavres de dauphins ont été retrouvés sur les plages de la façade atlantique. Un nombre beaucoup plus important ne seront jamais découverts : l’observatoire Pelagis du CNRS estime qu’entre 5000 et 10000 cétacés sont piégés annuellement dans les eaux françaises par les filets de bateaux de pêche, où ils meurent d’asphyxie. Cette odieuse hécatombe, qui se reproduit chaque hiver, se révèle encore plus précoce et plus intense cette année. Toutes les espèces de mammifères marins sont pourtant strictement protégées par la loi.
Ce 22 février, à partir de 10h30, 400 photographies de dauphins en taille réelle seront installées pendant quelques heures en plein centre de la capitale pour continuer d’informer les Français sur ce scandale. Depuis le 25 janvier, plus de 40000 personnes ont cosigné le courrier qu’Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO, a adressé à Emmanuel Macron afin de lui demander de mettre fin au massacre des dauphins.
En février 2019, un collectif de 26 ONG européennes, dont la LPO, avait demandé à la Commission européenne de poursuivre en justice les Etats membres manquant à leur devoir de protection envers les mammifères marins vulnérables. Cette plainte a été suivie d’une mise en demeure de la France le 2 juillet 2020, puis d’un avis motivé le 15 juillet 2022. Le gouvernement disposait alors d’un délai de deux mois pour y répondre et prendre les mesures nécessaires.
Un arrêté a finalement été publié le 29 décembre 2022 pour obliger 213 bateaux fileyeurs opérant dans le Golfe de Gascogne à s’équiper avant la fin 2023 de dispositifs acoustiques expérimentaux censés réduire les captures de dauphins. Or dans un avis publié le 9 février 2023, les scientifiques du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) ont indiqué que « la seule mesure efficace est d’abord de suspendre les pratiques de pêche concernées dans les zones à risque pendant les 4 mois d’hiver ».
Le gouvernement joue la montre
Malgré l’urgence de la situation, et des alertes répétées depuis plusieurs années par les associations de protection de la nature, aucune interruption de la pêche n’est pourtant envisagée avant 2024-2025, si les dispositifs acoustiques testés l’an prochain s’avéraient inefficaces. La répulsion sonore risquerait par ailleurs de déplacer le problème car elle consiste à tenter de chasser les cétacés de leurs zones naturelles de nourrissage et ainsi les priver de ressources alimentaires essentielles à leur survie.
La LPO va donc renforcer la plainte auprès de la Commission Européenne en lui demandant de saisir la Cour de justice de l’UE, avec risques de lourdes sanctions financières à la clé pour la France. En parallèle, un recours gracieux sera envoyé au Secrétaire d’État chargé de la Mer, préalable à une saisine du Conseil d’État.
Pour Allain Bougrain Dubourg : « La moitié des 400 photos de dauphins exposées représentent des animaux en pleine santé dans la mer, les autres montrent des cadavres échoués sur la plage. Morts ou vivants, ça dépend du gouvernement : seule la suspension des pratiques de pêche non sélectives qui chaque hiver déciment les populations de cétacés dans les eaux françaises peut mettre fin à ce massacre. L’attente à prendre les mesures qui s’imposent s’apparente à du mépris. L’exécutif se rend coupable de l’odieuse agonie. »