Alerte, silence. Alerte rouge, silence. URGENCE, SILENCE. La sonnette est fatiguée de retentir dans le vide à propos de la disparition des espèces. La septième assemblée plénière de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) s’est ouverte lundi à Paris. A la fin de la semaine sera dévoilée une nouvelle évaluation historique de la catastrophe mondiale. Nous apprendrons officiellement que quasiment aucun des 20 objectifs fixés pour 2020 par les Nations unies ne seront atteints l’an prochain.
On nous répétera que des centaines de milliers d’espèces pourraient disparaître en quelques décennies. Une catastrophe qui nécessite des décisions radicales et pour laquelle E Macron n’a pas eu un mot lors de la prise de parolequi devait dessiner le grand tournant du quinquennat. La violence de la sixième extinction de masse a-t-elle assommé les responsables politiques ? Les citoyens commencent pourtant à réagir à l’alarme lancinante de la communauté scientifique. Sauf à accepter de voir l’espèce humaine menacée à son tour, il est impossible de continuer à se taire. D’ailleurs, la jeunesse, elle, demande à grands cris que soit entendue la cause des poissons surpêchés, des grands singes décimés, des insectes empoisonnés. En France, comme ailleurs dans le monde, une partie des solutions pour enrayer la dynamique est connue. Interdiction du commerce de l’ivoire, moyens alloués à la lutte contre le braconnage, moratoire sur les grands projets nuisibles à la biodiversité,interdiction des pesticides de synthèse, lois ambitieuses de protection des forêts, restrictions de la pêche et de la chasse grâce à des quotas qui respectent la viabilité des espèces…
Mais en quinze ans, aucune décision politique, et encore moins économique, d’ampleur, n’a ralenti l’effondrement des espèces. L’homme, dans sa course consumériste et productiviste, continue de détruire la nature à grande vitesse et bouleverse durablement de fragiles équilibres. Comment croire que l’on pourra nourrir l’humanité demain sans abeilles pour polliniser les plantes, sans vers de terre pour labourer les sols, sans coquillages filtres pour régénérer l’eau ? Combien de fois les scientifiques, relayés par les ONG, devront-ils répéter le rôle primordial de la biodiversité ? La chute est vertigineuse. Doit-on s’y résigner pour autant ?
Auirélie Delmas/Margaux Lacroux/Florian Bardou )- Libération 29 avril