- Global Witness est une ONG fondée en 1993 et spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles (pétrole, bois, diamants) des pays en développement (PVD) et la corruption politique qui l’accompagne.
- Selon son dernier rapport annuel, 177 défenseurs de l’environnement ont été assassinés à travers le monde en 2022.
- L’Amérique Latine est, une nouvelle fois, la région du monde la plus concernée par ce fléau.
L’hécatombe est légèrement moindre, mais impossible d’y voir un quelconque motif de satisfaction. Au moins 177 défenseurs de l’environnement ont été assassinés en 2022 à travers le monde, contre 200 en 2021, selon le rapport annuel de l’ONG Global Witness publié mi-septembre.
Ainsi, comme l’analyse Laura Furones, membre de Global Witness et à l’origine de cet écrit, « la situation ne s’est pas améliorée. » Et de rappeler que ce rapport recense les d’assassinats mais pas les cas de violences. La statistique fait donc froid dans le dos : en moyenne, tous les deux jours, un activiste environnemental est tué à travers la planète.
Neuf assassinats sur dix en Amérique Latine
Comme le montre Global Witness, la situation en Amérique latine reste particulièrement préoccupante. En 2022, la région a enregistré 88 % des assassinats comptabilisés, et 11 des 18 pays recensés par l’ONG sont issus de cette zone. Laura Furones explique cette situation par le combat particulier des « peuples autochtones », des « communautés d’ascendance africaine » et « des petits agriculteurs ». « L’Amérique Latine est une région très riche en ressources naturelles, qui produit une grande partie des produits agricoles pour le reste du monde, poursuit-elle. La pression sur la terre est très forte ; les personnes qui y vivent sont forcées de se défendre ».
Le Brésil (34 meurtres), le Mexique (31) ou le Honduras (14) sont des pays particulièrement exposés. Mais c’est bien moins que la Colombie, avec 60 défenseurs de l’environnement assassinés. Un chiffre qui a doublé par rapport à 2021. « La Colombie connaît une montée et un renouveau d’activisme des groupes armés, presque toujours impliqués dans des activités illégales » explique Laura Furones.
Le braconnage en Afrique
L’Amazonie, qui s’étend sur le Brésil, la Bolivie, le Pérou, l’Équateur, la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Suriname et la Guyane française, est elle une zone témoin de « beaucoup d’enjeux ». Selon Global Witness, 39 défenseurs y ont trouvé la mort l’an dernier, dont 11 qui appartenaient à des communautés indigènes. « Année après année, ceux qui défendent ce biome (…) laissent leur vie pour protéger leurs maisons, leurs moyens de subsistance et la santé de notre planète », alerte l’ONG. « L’assassinat du journaliste britannique Dom Phillips et de l’expert indigéniste brésilien Bruno Pereira en Amazonie brésilienne est devenu un symbole de la violence croissante dans cette région, où opèrent les trafiquants de drogue, les mineurs illégaux et les braconniers », poursuit Laura Foranes.
Mais l’Amérique Latine n’est pas la seule concernée. Exemple avec la République démocratique du Congo, en Afrique centrale. « Entre 2012 et 2022, au moins 72 défenseurs ont été tués en RDC, nous dit l’autrice. La plupart de ces meurtres sont liés à des conflits fonciers ou au braconnage, et ont souvent lieu dans des réserves naturelles ». Ainsi, l’an dernier, deux gardes forestiers ont été tués dans le parc de Virunga, dans l’est du pays. La direction indiquait en 2021 que plus de 200 gardes ont été tués depuis 1996. Et « en Afrique, il est probable que les chiffres donnés par le rapport soient sous-estimés, car tous les médias ne font pas un travail de documentation ».
Au moins 1.910 assassinats depuis 2012
Au final, pointe le rapport, au moins 1.910 défenseurs de la terre ont perdu la vie dans le monde depuis que Global Witness a commencé à documenter ces assassinats, en 2012. « Ce rapport ne sert pas qu’à recenser le nombre de défenseurs morts, mais à appeler les gouvernements à mieux protéger les citoyens et les travailleurs qui se battent pour sauver leur environnement. » justifie Laura Foranes.
Et l’Europe n’est pas à l’abri : « Les pays occidentaux comme la France ou l’Espagne sont eux aussi concernés, car on assiste à une montée de violence à l’encontre des citoyens qui protestent contre le gouvernement ou certaines multinationales. »
Souirce : 20 minutes