Selon une enquête de Greenpeace International, une douzaine de multinationales continuent malgré leurs promesses à contribuer à la déforestation en Asie.
La production d’huile de palme à destination de l’industrie agrolimentaire et cosmétique continue de nourrir la déforestation en Asie. Le bilan est très sombre, selon Greenpeace International, qui rend publique, mercredi 19 septembre, une enquête intitulée Le Compte à rebours final. L’ONG ne s’appesantit pas sur les symptômes déjà connus de la fièvre de l’huile de palme. Mais elle analyse les pratiques des producteurs locaux qui se prétendent « responsables » afin de pouvoir fournir de grands groupes internationaux. Jusqu’à quel point des marques de réputation mondiale cherchent-elles à connaître les agissements de ceux qui approvisionnent leurs chaînes de production ?
Autorités locales soudoyées
Colgate-Palmolive, General Mills, Hershey, Kellogg’s, Kraft Heinz, L’Oréal, Mars, Mondelez, Nestlé, PepsiCo, Reckitt Benckiser et Unilever : ces douze grands noms, parmi les vingt groupes passés au crible, se fournissent auprès de 20 sociétés qui contribuent à la dévastation des paysages de l’archipel. Ces dernières sont, selon Greenpeace, à l’origine de la destruction de plus 130 000 hectares de forêts depuis fin 2015. Pire, 40 % des zones rasées (51 600 ha) se trouvent en Papouasie indonésienne, une des régions du monde les plus riches en biodiversité et qui était jusqu’à récemment préservée de la mainmise de l’industrie. La déforestation y sévit à un rythme alarmant. Et encore, le secteur des agrocarburants, en pleine expansion, n’est pas intégré dans ce décompte.
Derrière ce constat pointe l’agonie de la forêt tropicale en Indonésie, pays qui fournit 55 % de la production mondiale, 85 % si l’on rajoute la Malaisie. Les images émouvantes d’un orang-outan frappant d’un geste désespéré le godet d’une pelleteuse mécanique au milieu d’un tapis d’arbres arrachés ont fait le tour du Web cet été. Prises par International Animal Rescue Indonesia, elles ne reflètent pas, à elles seules, l’étendue des dégâts qu’entretient une demande mondiale grandissante pour cet oléagineux peu cher et fort commode à travailler….
Suite de l’article de Martine Valo dans Le Monde du 19/09
photo : Déboisement pour la plantation de palmiers à huile dans la concession PT Megakarya Jaya Raya, en Papouasie, le 1er avril. ULET IFANSATI / GREENPEACE