Notre association alerte sur l’insuffisante prise en compte des impacts écologiques potentiels dans le choix des sites marins susceptibles d’accueillir des éoliennes.
Initialement annoncée pour le 26 septembre, la cartographie des zones prioritaires pour le développement de l’éolien en mer sur les quatre façades maritimes de la France, a finalement été publiée au Journal Officiel ce 18 octobre par le gouvernement. Elle doit servir de base à un appel d’offres d’ici la fin de l’année pour déployer une puissance de 8 à 10 GW, dans le cadre de l’objectif national d’atteindre 45 GW en 2050.
Malgré l’abandon d’un certain nombre de zones problématiques, des aires marines protégées restent désignées comme prioritaires pour l’implantation d’éoliennes. C’est ainsi le cas en Méditerranée où la biodiversité marine est déjà soumise à de très fortes contraintes et menaces. D’autres sites choisis au large de l’île d’Oléron et en Bretagne Nord sont également susceptibles de dégrader les écosystèmes et perturber les déplacements des animaux migrateurs.
La LPO a réalisé en 2024 une synthèse des connaissances des impacts de l’éolien en mer sur l’avifaune et les chiroptères, et les moyens de les atténuer. La construction, le raccordement et l’exploitation de ces infrastructures ont en effet des conséquences potentiellement néfastes (collisions, dégradation de l’habitat, dérangement, etc.) pour l‘ensemble de la biodiversité marine.
Or les informations sur les impacts environnementaux de l’éolien en mer restent à ce jour partielles, voire très lacunaires sur certains aspects. Plusieurs études absolument nécessaires sont en cours pour améliorer les connaissances. Les projets MIGRATLANE et MIGRALION analysent par exemple les voies de migrations des oiseaux et des chauves-souris le long de la côte Atlantique et dans le golfe du Lion. De son côté, le Groupe de travail ECUME est chargé de l’évaluation des effets cumulés des projets d’énergies marines renouvelables sur l’environnement.
Dans l’attente de ces éclairages scientifiques, la LPO préconise une approche très précautionneuse du déploiement de l’éolien en mer, tout en privilégiant une stratégie de sobriété énergétique. La planification doit impérativement être assortie d’une démarche volontariste de protection des milieux marins afin d’exclure les localisations les plus sensibles, en premier lieu les aires marines protégées qui incluent notamment les zones Natura 2000.
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « Les énergies renouvelables, dont l’éolien en mer, font partie du bouquet de solutions pour notre impérative transition énergétique, mais leur déploiement ne peut se faire à la hâte au détriment de la biodiversité. C’est grâce à leurs espèces vivantes que les écosystèmes marins produisent plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons. L’océan représente notre principal rempart contre le réchauffement climatique, ne lui coupons pas le souffle. »
Photo : éoliennes, Bretagne, JBDumond2023