« Wanted ! Mort de préférence ! » Va-t-on bientôt voir fleurir sur les murs de nos villages des avis de recherche dignes des grandes heures du Far West américain ? Car c’est désormais une question de jours, au pire d’une ou deux semaines, promet-on à Bruxelles. La Commission européenne s’apprête à publier officiellement la liste que le monde de la protection de la nature attendait depuis bien longtemps : celle des trente-sept « espèces exotiques envahissantes » contre lesquelles les Etats membres vont devoir partir en guerre.
Des années que les associations sommaient les pays européens de conduire une politique cohérente. Dix-huit mois que les Etats en négociaient les derniers détails. En décembre, le Parlement européen avait dénoncé la frilosité de la Commission, estimant qu’une centaine de végétaux et animaux devaient figurer dans la précieuse annexe au règlement européen « relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes ». Entré officiellement en vigueur le 1er janvier 2015, le texte restait lettre morte tant que les cibles visées n’étaient pas officiellement annoncées. La Commission n’a pas modifié sa copie. « C’est certainement insuffisant mais il est prévu de réviser la liste tous les six ans, insistent Florian Kirchner et Emmanuelle Sarat, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L’essentiel, c’est le premier pas. Les fondations sur lesquelles nous allons pouvoir construire. »
La chasse est ouverte
Une grenouille et un ibis, un ragondin et une mangouste, une fausse renoncule et un faux arum, deux poissons, deux jussies, une jacinthe d’eau et un myriophylle du Brésil, quatre écureuils et cinq écrevisses… Et un raton laveur. Les ennemis sont donc connus. La chasse est ouverte. D’ici peu, la commercialisation, le transport et l’introduction dans le milieu naturel de ces indésirables seront proscrits dans les 27 pays de l’Union. Les voies d’accès (ports, aéroports, conteneurs) seront surveillées pour éviter de nouvelles arrivées. Quant aux espèces déjà présentes, elles devront être systématiquement traquées. Pour les moins implantées, des mesures d’éradication seront prises. A défaut, des programmes de confinement devront être établis et des mesures de réduction des dommages entreprises…
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