L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a présenté une nouvelle classification pour les espèces menacées : le statut vert. Des chercheurs l’ont déjà appliqué sur plus de 180 espèces.
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), bien connue à travers sa Liste rouge des espèces menacées, a créé un nouveau statut qui prend cette fois une couleur verte. Son objectif : évaluer l’impact des mesures de conservation.
Des espèces qui retrouvent leur rôle au sein des écosystèmes
Dans un communiqué publié le 28 juillet 2021, l’UICN précise que ce statut vert des espèces, qu’elle a commencé à développer en 2012, est « une nouvelle norme mondiale pour mesurer à quel point une espèce est proche d’être pleinement fonctionnelle sur le plan écologique dans son aire de répartition, et à quel point elle a récupéré grâce à des actions de conservation« . Ce statut sera intégré à la fameuse Liste rouge, apportant des informations plus poussées sur les espèces qui recevront cette nouvelle évaluation. Cette norme classera les espèces en neuf catégories de rétablissement (de « complètement rétabli » à « éteint à l’état sauvage »), illustrant également si une espèce reste dépendante d’un soutien continu, si une action de conservation au cours de la prochaine décennie peut lui être bénéfique mais aussi son potentiel de rétablissement au cours du prochain siècle.
« La Liste rouge de l’UICN nous indique à quel point une espèce est proche de l’extinction, mais n’est pas destinée à dessiner une image de son état et de son fonctionnement au sein de son écosystème, remarque le Dr Molly Grace de l’Université d’Oxford, coprésidente du Groupe de travail sur le statut vert des espèces de l’UICN. Avec le statut vert de l’UICN, nous disposons désormais d’un outil complémentaire qui nous permet de suivre le rétablissement des espèces et d’améliorer considérablement notre compréhension de l’état de la faune dans le monde ». La communauté scientifique accorde désormais une grande importance au rôle joué par les espèces protégées au sein de leur écosystème. Il marque la différence entre une espèce qui a échappé à l’extinction et une autre qui a pleinement repris ses droits sur son aire de répartition et dont le comportement écologique affecte les autres espèces.
Un statut vert qui nuance la Liste rouge
Une étude regroupant de très nombreux auteurs, et publiée dans la revue Conservation Biology, a appliqué pour la première fois les paramètres du statut vert de l’UICN. Plus de 200 chercheurs ont réalisé les évaluations préliminaires « Statut vert » pour 181 espèces dont le pigeon rose (Nesoenas mayeri) ou encore le loup gris (Canis lupus). Si le statut s’intègre à la Liste rouge, il peut cependant la nuancer. « Cette première série d’évaluations du statut vert révèle également que, malgré un faible risque d’extinction selon la Liste rouge de l’UICN, certaines espèces sont néanmoins épuisées et incapables de remplir leur rôle dans les écosystèmes« , met en garde l’UICN.
Par ailleurs, certaines espèces restent, année après année, dans les catégories les plus inquiétantes de la Liste rouge. Mais cela ne signifie pas que les mesures de conservation ne fonctionnent pas, même si les critères de la liste historique soulignent encore la fragilité de l’espèce. Celle-ci aurait sûrement disparu si rien n’avait été fait. Le statut vert peut ainsi permettre de mettre en valeur les efforts des écologues et de montrer cette nuance au public et aux gouvernements afin de leur rappeler que tout n’est pas perdu.