Le tireur responsable de la mort d’un Gypaète barbu et d’un Vautour moine, découverts criblés de plomb en janvier dernier, sera jugé ce 6 octobre à Valence (Drôme). La LPO déplore que la sévérité des condamnations soit en général insuffisante et peu dissuasive en matière de destruction d’espèces protégées, au regard des efforts et des investissements mis en œuvre pour leur sauvegarde.
Une enquête judiciaire menée efficacement par l’Office français de la biodiversité (OFB) avait permis de retrouver l’auteur de tirs mortels sur un Vautour moine et un Gypaète barbu, deux rapaces nécrophages dont les cadavres avaient été retrouvés le 3 janvier 2023 entre les communes de Villeperdrix et Gumiane, dans le sud de la Drôme. Le mis en cause sera jugé le 6 octobre 2023 par le Tribunal correctionnel de Valence.
La destruction illicite d’espèces protégées est passible de 3 ans de prison et 150 000€ d’amende ainsi que de la confiscation des armes et du retrait du permis de chasser. Beaucoup d’affaires sont toutefois classées sans suite faute de moyens d’enquête, comme pour les 2 aigles de Bonelli abattus dans le Gers et les Landes fin 2019 ou un autre gypaète en octobre 2020 en Lozère. Et quand elles aboutissent, les verdicts sont le plus souvent trop cléments. Reconnu coupable d’avoir tué deux vautours fauves en août 2022, un éleveur ariégeois a ainsi été condamné en janvier dernier à une amende de 3000 €, dont 2000 € avec sursis…
Chaque oiseau compte
Dénommé Inti, le Vautour moine abattu faisait partie des 5 jeunes nés en 2022 dans les Baronnies Provençales. Ce massif à cheval entre la Drôme et les Hautes-Alpes accueille près d’un quart de la population française de l’espèce, avec 13 couples sur un total national proche de la cinquantaine.
Le Gypaète barbu bénéficie d’importants programmes de restauration de sa population eurasiatique depuis la fin des années 1970. L’individu tué figurait parmi les oiseaux réintroduits en partenariat avec l’association Vautours en Baronnies dans le cadre des projets européens LIFE GYPCONNECT (2015-2022) et LIFE GYP’ACT (2022-28) coordonnés par la LPO. Baptisée Canteperdrix, cette femelle provenait d’un centre de reproduction situé en Espagne et avait été libérée le 29 mai 2022, à l’âge de 3 mois.
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « Figurant parmi les oiseaux les plus menacés d’Europe, ces rapaces ont fait l’objet d’une solidarité remarquable de la part des associations, de l’administration française et de l’Union Européenne dans l’espoir d’une renaissance. Il est temps que la justice sanctionne les inacceptables abattages à hauteur des préjudices. Sa décision fera référence. »