Moineaux, hirondelles, pics vert… L’inventaire est long et dramatique : depuis 1970, les populations d’oiseaux aux États-Unis et au Canada ont diminué de 29%. Soit près de 3 milliards d’oiseaux en moins. Plus grave, les pertes affectent les espèces menacées mais on observe également un déclin généralisé chez les espèces les plus communes et qui ne sont pas classées en danger d’extinction. C’est le constat dressé par Ken Rosenberg, du Cornell Lab of Ornithology et de l’American Bird Conservancy, et ces confrères dans une vaste étude publiée jeudi 19 septembre 2019, dans la revue Science.
Les activités humaines en cause
Pour réaliser leurs travaux, les scientifiques se sont appuyés sur plusieurs sources et jeux de données normalisées, collectés depuis les années 70. En tout, ils ont évalué l’évolution des effectifs de 529 espèces d’oiseaux aux États-Unis et au Canada. Leurs résultats indiquent les oiseaux des prairies et des champs sont les plus touchés avec une réduction de 53% de leur population (soit plus de 720 millions d’oiseaux en moins) suivis par les oiseaux de rivage qui ont des habitats côtiers et qui eux ont perdu environ un tiers de leurs effectifs. Les migrateurs, dont le nombre est mesuré la nuit à l’aide de stations météorologiques radar, sont eux 14% moins nombreux qu’il y a dix ans seulement.
Bien que cette étude ne se soit pas penchée sur les causes de cette crise massive, elle révèle qu’elle est cohérente avec les données correspondant à d’autres parties du monde. Et suggère que de multiples facteurs concourent à une baisse de la reproduction et une augmentation de la mortalité des oiseaux. La plupart sont liées à l’activité humaine : dégradation généralisée des habitats sauvages, intensification de l’agriculture et hausse de l’urbanisation.
Crédit : Cornell Lab of Ornithology
Gardez les chats à la maison !
Même si la plupart des populations d’oiseaux étudiées sont en perte de dynamisme, quelques-unes semblent quand même s’en tirer un peu mieux. C’est le cas des rapaces et de la sauvagine (canards, oies ou cygnes) qui alors qu’ils étaient menacés il y a 50 ans connaissent un net regain depuis. Cela est probablement dû aux efforts de conservation ciblés : des milliards de dollars ont par exemple étaient investis pour la réhabilitation des zones humides qui servent d’habitat à de très nombreuses espèces. Des rapaces tels que le pygargue à tête blanche ont également fait un retour spectaculaire depuis les années 1970, après l’interdiction du DDT, un pesticide nuisible. Des stratégies similaires pour d’autres espèces pourraient prévenir l’effondrement potentiel de l’avifaune nord-américaine, estiment les auteurs.
Ils évoquent aussi d’autres facteurs susceptibles d’améliorer la condition des oiseaux sur le continent nord-américain, notamment la diminution de l’usage des pesticides qui sont associés à une perte de la biodiversité chez les insectes dont les oiseaux sont friands. De même, ils conseillent de garder les chats domestiques à la maison : ces félins sont responsables de la mort, par prédation, de millions d’oiseaux chaque année. Sans doute plus facile à dire qu’à faire…
Source : Science et Avenir