Alors que le nombre d’échouages de cadavres de cétacés bat des records sur la Côte Atlantique, l’exécutif attend d’être contraint par une décision du Conseil d’Etat pour agir.
Entre mi-décembre et fin février, plus de 400 dauphins ont été retrouvés morts sur les plages du littoral français. Depuis le samedi 11 mars, au moins 200 victimes supplémentaires ont été signalées au Réseau national de suivi des échouages coordonné par l’Observatoire Pelagis. La pathétique agonie se poursuit à un rythme sans précédent, en partie lié au changement de direction des vents dominants qui, soufflant désormais de l’Ouest, poussent les corps vers le rivage. Les départements les plus touchés sont la Charente-Maritime, les Landes, la Vendée et la Gironde.
Une fois de plus, les traces visibles ne laissent aucun doute sur le fait que ces mammifères marins ont été capturés par des filets de pêche dans lesquels ils sont morts d’asphyxie, incapables de remonter à la surface pour respirer. Et comme d’habitude, les cadavres retrouvés ne représentent que la partie échouée de l’iceberg, la majorité disparaissant en mer sans jamais être découverts.
Le 24 février, le Conseil d’Etat a examiné les recours formulés par France Nature Environnement, Sea Shepherd France et l’association de Défense des milieux aquatiques contre l’inaction du gouvernement pour mettre fin à ce massacre d’une espèce protégée. Dans ses conclusions à l’issue de l’audience, la rapporteure public a demandé à l’État de mettre en place des fermetures spatio-temporelles des pratiques de pêche concernées dans le Golfe de Gascogne, s’alignant ainsi sur les recommandations publiées le 9 février par les scientifiques du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM).
Interrogé le 25 février, le Président Emmanuel Macron s’est engagé à respecter la décision du Conseil d’Etat, attendue dans les prochains jours.
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « Une nouvelle fois, le gouvernement attend une décision de justice avant de prendre la seule mesure qui s’impose : suspendre les pratiques de pêche responsables des captures. Cette stratégie de la procrastination semble se répéter en matière de protection de la biodiversité et manque singulièrement de courage politique. Chaque jour perdu entraine la mort de dizaines de dauphins. C’est à la fois irresponsable et insupportable. »