De manière récurrente et cyclique, des campagnes médiatiques de dénigrement et d’accusation des vautours, sont orchestrées par des représentants agricoles et certains élus. Ces campagnes sont parfois relayées par une presse friande de sensationnel et ne faisant souvent pas l’effort de vérifier ses informations au risque de remettre en cause un équilibre durement acquis qui permet l’existence de synergies entre biodiversité et agriculture.
C’est le cas actuellement en Aveyron.
Ce phénomène revient de manière régulière, souvent à l’occasion d’élections syndicales et locales. Certains articles ou reportages relèvent parfois plus de « fake news » que d’articles documentés. On peut ainsi lire dans des articles récents que les vautours fauves atteignent les 30 kg (alors qu’ils ne dépassent qu’à peine les 10 kg) ou encore qu’il y a eu par le passé des cas d’attaques de vautours sur les humains !!!
Les faits sont presque toujours les mêmes. A l’occasion d’une curée constatée par des éleveurs généralement relativement éloignés du coeur des colonies, les vautours sont accusés d’avoir mis à mort, avant de le consommer l’animal, qu’ils avaient vu la veille ou l’avant-veille en bonne santé.
Au final, après avoir interrogé les agriculteurs, on a quasiment toujours la même situation : personne n’a en fait réellement vu de ses yeux l’interaction entre les vautours et l’animal mais seulement la curée, soit en cours, soit terminée. Alors même que tout le monde a désormais un portable sur lui, personne n’est jamais en mesure de présenter des vidéos exploitables attestant des faits relatés.
Dans la quasi-totalité des cas, le qualificatif « attaques de vautours « est utilisé pour décrire des « curées de vautours ».
De plus en plus, les éleveurs ont par ailleurs un discours formaté, dicté par leurs représentants syndicaux et comprenant beaucoup d’invraisemblances et de contradictions : en résumé les vautours auraient faim car ils seraient trop nombreux et n’auraient plus assez à manger (la rumeur circule parfois que les placettes d’équarrissage seraient désormais fermées ce qui n’est absolument pas le cas), ils auraient modifié leur comportement et seraient devenus subitement prédateurs, en tout cas pour certains d’entre eux qui sont qualifiés de « vautours déviants » et, désormais, de manière parfaitement intentionnelle, ils feraient exprès de survoler le bétail à basse altitude pour l’effrayer, afin que des animaux se blessent pour ensuite les achever et les consommer.
Plusieurs études ont été réalisées sur plusieurs années et dans différentes régions pour analyser en détail et avec des expertises vétérinaires, les constats de soi-disant attaques. Les conclusions sont toujours les mêmes. Dans la quasi-totalité des cas analysables, il s’avère que la consommation est post-mortem et que les cas de consommation ante-mortem, si on ne peut contester leur existence, restent tout à fait exceptionnels et concernent quasiment toujours des animaux mourants, moribonds ou en situation de grande vulnérabilité (en particulier à la faveur de mise bas qui se passent mal (retournement de matrice).
Courrier : : courrier au ministre de l’agriculture