Sonnez trompettes, résonnez hautbois, ce week-end des 25 et 26 janvier 2025 est celui du comptage des oiseaux des jardins partout en France ! https://www.oiseauxdesjardins.fr/index.php?m_id=19
Une manifestation de sciences participatives organisée chaque année par la LPO et le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) qui permet de suivre l’évolution de l’état de conservation de nos amis ailés https://www.oiseauxdesjardins.fr/index.php?m_id=20110 depuis sa fenêtre, sur un balcon ou dans le jardin pour ceux qui ont la chance d’en avoir un.
Le nombre de participants augmente le risque d’erreurs ponctuelles, compensé par… le nombre de participants. Vous êtes néophytes ? Pas de soucis on vous enseigne les principaux rudiments https://cdnfiles2.biolovision.net/www.oiseauxdesjardins.fr/userfiles/FichesODJoiseaux_1.pdf
Alors bien entendu les mangeoires augmentent grandement le nombre d’hôtes. Du reste on ne les installe pas pour compter les oiseaux mais pour les aider à passer l’hiver. Et pour se rincer l’œil du bal de la gent ailée, gracieuse et colorée. Pour ceux qui n’ont pas encore pratiqué, c’est mieux qu’un feu de cheminée ou qu’un aquarium. Au point que nourrir les oiseaux sauvages devrait être remboursé par la Sécurité Sociale : c’est bon pour les yeux et pour le cœur.
Quelques esprits chagrins vous diront qu’il ne faut pas nourrir les oiseaux, même l’hiver, car ça les rendrait paresseux. Ce sont les mêmes qui ne glissent pas la pièce à l’indigent, prétextant qu’il ne cherchera plus de travail…
Foin de ces esprits rétrécis -pardonnons-leur, ils n’ont jamais dormi dehors, et n’ont jamais eu faim- un débat anime quand même la communauté scientifique et naturaliste sur l’opportunité ou non de nourrir les oiseaux en dehors des périodes de très grands froids. Nous avons pu constater que nombre de nos amis « brexiteurs » ne s’embarrassent pas de ce genre de question en approvisionnant les mangeoires toute l’année. « Vérité en deçà de la Manche, erreur au-delà » aurait écrit un célèbre penseur du 17ème.
Saisi sur le sujet, le Conseil Scientifique de la LPO a conclu qu’il n’est pas totalement impossible de nourrir les oiseaux, y compris au printemps en pleine période de reproduction mais que ce n’est pas recommandé à cette période.
Les sages conseillent à la LPO, je cite : « De ne pas recommander le nourrissage en période de reproduction, du fait de l’absence d’une évaluation scientifique claire des risques associés à celui-ci, à même d’excéder les effets positifs escomptés. De ne pas l’interdire toutefois, mais de produire un certain nombre de recommandations aux personnes désireuses de maintenir un nourrissage tout au long de l’année. Ces recommandations, valables toute l’année mais particulièrement importantes en période de reproduction, sont les suivantes :
– Préférer les mangeoires verticales aux mangeoires plateaux, nettoyer les mangeoires (ainsi que les zones d’accumulations de déchets de graines et de fientes sous les mangeoires) avec une fréquence hebdomadaire pour limiter la transmission de maladies ;
– Arrêter immédiatement le nourrissage pendant 4 semaines si des oiseaux malades sont observés ;
– Vérifier la qualité des aliments (ne pas encourager l’usage d’aliments achetés l’hiver précédent et peut-être mal conservés ?).
Il faudrait en principe privilégier une nourriture carnée pendant la période de reproduction mais l’adéquation des vers de farines disponibles dans le commerce aux besoins des oisillons est douteuse et cette alimentation pourrait conduire à des mortalités importantes.
Il conviendra également de respecter les préconisations suivantes tout au long de l’année :
– Disposer les mangeoires dans des endroits dégagés, avec accès facile à des perchoirs en hauteur, pour éviter la prédation par les chats ;
– Eloigner les mangeoires des fenêtres et baies vitrées pour limiter la mortalité par collision lors des envols brusques, très fréquents ;
– Varier les nourritures proposées (graines différentes, graisses, pommes et autres fruits, mais éviter absolument le pain) ».
Une question importante est pourtant rarement posée, c’est celle de la qualité des apports fournis. Observateurs éclairés que vous êtes, vous aurez remarqué que les jardineries et jusqu’aux hypermarchés proposent désormais des rayons de graines et autres graisses pour les oiseaux sauvages à côté des nourritures pour chiens, chats et poissons rouges.
Le problème c’est qu’on y trouve de tout, et surtout n’importe quoi.
Des supports non adaptés comme les filets qui entourent les boules et dans lesquelles les mésanges peuvent se coincer les pattes (photo de gauche ci-dessous).
Des recommandations pour « distribuer toute l’année (photo de droite ci-dessus).
Des produits non certifiés qui viennent d’Asie par la mer. Dont de l’huile de palme.
Des mangeoires non fonctionnelles dans des matériaux non adaptés, parfois peints.
Sans oublier des informations approximatives voire erronées. Comme cette photo de rousserolle entre la mésange charbonnière et le rouge-gorge, une fauvette aquatique qui a autant de chance de fréquenter votre mangeoire qu’un Héron pourpré.
Sur les Sites de vente en ligne on trouve également des informations douteuses, comme sur celui de la chaine « Carrefour » qui recommande également le nourrissage en « toute saison » sans autre précaution :
Les produits vendus par la grande distribution sont susceptibles de nuire à la nature lors de leur production (agriculture intensive, huile de palme, graisse animale…), pendant le transport (avions, camions, supertankers…), et lors de la distribution à nos compagnons plumés.
Les fabricants rivalisent d’innovation comme ce filet avec son mélange de graines type apéritif
Surtout, la totalité des graines que l’on trouve sur les étals sont bourrées de pesticides. C’est un comble : croyant bien faire en nourrissant des oiseaux dans un coin reculé exempt de pesticides, de braves gens favorisent l’agriculture intensive dans les plaines, et en même temps empoisonnent les oiseaux sauvages dans les coins encore préservés. Echec et mat !
L’association « 60 millions de consommateurs » https://www.60millions-mag.com/ n’ayant pas voulu se pencher sur le sujet malgré plusieurs sollicitations (sans doute plus préoccupée par la santé des hommes que celle de leurs compagnons à plume et à poils), c’est l’Echo des Terriers qui s’en est chargé, questionnant plusieurs distributeurs :
L’Echo des Terriers :
Madame, Monsieur,
Habitant en Ardèche, je viens d’acheter des boules de graisse (Réf 3166780064780) et un pain de graisse aux arachides (Réf 3166780064353) à l’Intermarché.
Avant de les mettre à disposition des oiseaux, je me suis demandé s’ils étaient sains. Mais l’indication de composition ne me permet pas de connaitre la provenance et la qualité des céréales, de l’huile et des graisses utilisées.
Comment savoir par exemple si les graines sont exemptes de pesticides, et que la graisse ne provient pas d’huile de palme ?
Dans l’attente de votre réponse.
Les réponses reçues qui valent leur pesant de tournesol :
COUSTENOBLE https://www.monmagasinvert.fr/coustenoble : Merci d’avoir choisi nos produits. Voici la réponse à vos questions. Les graines incorporées dans nos boules de graisse sont françaises et issues de procédés culturaux qui respectent la réglementation en vigueur, cependant nos produits ne sont pas BIO, nous ne pouvons donc pas exclure des traces de pesticides. Les huiles végétales intégrées sont l’huile de tournesol et de l’huile de palme mais certifiée RSPO, il s’agit d’une charte axée sur le développement durable avec engagement reforestation et respect de critères sociaux.
RIGA https://www.riga.fr/fr/oiseau-du-ciel/bien-le-nourrir/melange-de-graines : Nous avons bien pris note de votre demande d’informations concernant nos produits pour oiseaux de la nature et nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à notre société. Les boules de graisse sont composées exclusivement de suif de bœuf, de céréales, de graines et substance minérale. Les pains de graisse aux arachides sont composés exclusivement de suif de bœuf, de céréales, de graines et de noix. Ces ingrédients sont destinés aux oiseaux de la nature et ont pour objectifs nutritionnels d’apporter l’énergie nécessaire pour lutter contre le froid. Nos produits sont étudiés pour le métabolisme de chaque espèce d’oiseaux et chaque recette est élaborée par un vétérinaire. Les graines et céréales utilisées dans nos recettes sont d’origine européenne et issues de culture non OGM. Nous espérons avoir répondu pleinement à votre interrogation.
VADIGRAN https://www.vadigran.com/fr/produits/oiseaux/nourriture/grains-et-graines-simples?sorting=default&perPage=12 : Nous vous remercions pour l’intérêt que vous témoignez à nos produits. Nos produits ne sont pas vendus sous appellation bio. Il faut cependant noter que les produits utilisés par les agriculteurs pour cultiver nos graines de tournesol sont légalement autorisés. Les graines de tournesol sont riches en huiles essentielles. Il n’est donc pas question d’ajouter quoi que soit (et donc certainement pas d’huile de palme) lors du traitement des graines. Nos ingrédients de qualité sont méticuleusement nettoyés, sans poussière et ne contiennent pas de graines d’ambroisie. Nos produits portent la marque de l’artisanat et de nombreuses années d’expérience. Emballés en Belgique dans un mono-plastique recyclable respectueux de l’environnement. Nous espérons vous avoir convaincu de la qualité supérieure de nos graines.
ZOLUX https://www.zolux.com/conseils-de-pros/conseil-alimentation-oiseaux-nature qui semble le plus sérieux d’un point de vue pédagogique, a pris la peine de répondre par téléphone. En reconnaissant distribuer des graines issues de l’agriculture intensive.
HAMIFORM https://www.hamiform.com/categorie-produit/oiseaux/oiseaux-de-la-nature/alimentation-oiseaux-de-la-nature/alimentation-oiseaux-de-la-nature-graines-melanges-de-graines/ n’a pas répondu malgré plusieurs relances.
Ce qu’il faut retenir, c’est que les distributeurs d’apports pour les oiseaux se contentent globalement… de respecter la législation. En voilà une ambition.
L’Echo des Terriers ne saurait que trop recommander à ceux qui nourrissent les oiseaux de veiller à leur offrir des produits sains dans des contenants adaptés et pendant la saison froide. Et à la LPO qui enseigne déjà les bonnes pratiques https://www.youtube.com/watch?v=rdBUO6KOHgc de travailler avec la grande distribution à la mise en place d’un label de qualité.