FNE communique:
Avec l’arrivée du printemps, reprennent immanquablement les appels au piégeage du frelon asiatique. Organisé par des apiculteurs, particuliers ou collectivités, l’objectif du piégeage est clair : tuer les reines fondatrices, qui sortent alors de leur cachette pour fonder leurs nouvelles colonies, et ainsi préserver les abeilles. C’est pourtant raté… L’Opie et France Nature Environnement mettent en garde sur ces pratiques de piégeage « précoce », néfastes pour de nombreux pollinisateurs.Quel est le véritable impact des pièges ?
Dans un contexte déjà difficile pour les apiculteurs, la menace du frelon asiatique, véritable prédateur pour les abeilles domestiques, a de quoi inquiéter. Mais pour autant, l’efficacité du piégeage de printemps n’est pas démontrée. Dans d’autres régions du monde envahies par des guêpes proches parentes du Frelon asiatique, piéger les futures fondatrices s’est révélé inefficace. En France, si certains disent que le piégeage fonctionne localement, il a d’ores et déjà été prouvé dans certains endroits que, malgré une très forte densité de pièges au printemps, le nombre de colonies n’a pas diminué. Une étude de l’ITSAP-Institut de l’abeille et du MNHN est en cours dans plusieurs départements pour évaluer l’efficacité de ce piégeage : restons prudents. De plus, plusieurs études ont démontré que le piégeage de printemps n’est que très peu sélectif, et tue de nombreux insectes, dont de nombreux pollinisateurs. Guêpes, mouches, abeilles sauvages et autres papillons se retrouvent ainsi noyés… Tous ces insectes, indispensables au bon fonctionnement de nos écosystèmes – et nourriture de choix des oiseaux, dont le déclin tient de plus en plus de la catastrophe écologique – sont pourtant déjà suffisamment menacés (pesticides, destruction des habitats…). Dans ce contexte, comment faire face à l’invasion ? Sans minimiser l’importance d’une défense ciblée autour des ruchers attaqués, ces actions de piégeage généralisées détruisent une faune indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes. Pour l’Opie et France Nature Environnement, il est urgent d’arrêter le piégeage de masse du printemps. Le frelon asiatique est là, il est impossible de l’éradiquer, apprenons à réduire les problèmes que sa présence induit, sans fragiliser d’autres espèces. Les associations rappellent aussi que la destruction des nids nécessite une extrême vigilance : celle-ci s’effectue avec l’aide de produits potentiellement toxiques pour la faune locale. Chaque destruction doit donc impérativement être suivie d’une récupération immédiate du nid afin d’éviter toute contamination. Enfin, en attendant le développement d’autres méthodes de destruction ou de protection, France Nature Environnement et l’Opie conseillent de diriger les efforts vers la protection des ruchers. |