LE MONDE D’APRÈS. Nous ne sommes pas en guerre contre un virus, mais contre nos propres manquements, nos propres agissements, notre propre irresponsabilité à l’égard de la planète. Nous sommes, en définitive, notre propre ennemi, assène Gilles Boeuf. En cause, notre servilité coupable à des dogmes – croissance, consommation, propriété, hâte, et bien sûr profit – au noms desquels l’humanité, aveuglée par son arrogance anthropocentrique, se croit autorisée et même stimulée à surexploiter le capital « nature » jusqu’à son anéantissement. Et le biologiste et océanographe de convoquer le « sens » de ce que l’on initie, bâtit, diffuse, de ce que l’on crée, entreprend, partage. Et justement, que « faire de » cette nature ? Ou plutôt que « faire avec », que « faire dans le respect de » cette biodiversité aujourd’hui en péril ? Que « faire en s’inspirant de » cet émerveillement d’espèces vivantes, animales et végétales, à laquelle l’homme appartient – lui qui, dans son enivrement scientiste, croit la posséder ? Que « faire », en définitive, pour que la relation de l’homme à la nature, la considération de l’homme pour la nature, n’encage plus l’humanité dans le suicide qu’elle a programmé et interrompt la progression de l’écocide ? « Puisse un petit virus composé de seulement quinze gènes provoquer l’électrochoc collectif l’humanité a tant besoin… », espère l’ancien président du Muséum national d’histoire naturelle.
Suite, voir l’article : 2020-05-12 La Tribune Gilles Boeuf_compressed
photo : Crédits : Hamilton/Rea