L’immersion d’un village de récifs artificiels à 21m de profondeur est la touche finale d’un projet débuté en 2018 pour favoriser la biodiversité et attirer le tourisme
- Au large du Cap d’Agde, se trouve la plus grande réserve maritime d’Occitanie, interdite aux activités humaines, afin de préserver la fragilité de la biodiversité. En contrepartie, des récifs artificiels ont été créés afin d’attirer de nouvelles espèces… et des plongeurs.
- Clou du spectacle, une maison sous-marine de 6,5 mètres de haut réalisée en impression 3D par la société montpelliéraine Seaboost, immergée à 21 m de profondeur.
- Pour la station balnéaire, ces récifs artificiels constituent un double enjeu, écologique et touristique. « Ce village de récifs, je le compare à la grotte de Lascaux. Pour soulager, l’original, on a fait une copie magnifique », détaille le maire Gilles d’Ettore (LR).
A deux milles marins du Cap d’Agde, une barge dépose, une par une, les pièces du village de récifs artificiels. Des petits modules, mais aussi les roches naturelles qui composeront la pyramide d’éboulis et le clou du spectacle, le récif artificiel principal : 105 tonnes, 6,5 mètres de haut, 8 de long, 6 de large. « Son procédé de fabrication constitue une première mondiale », explique Geoffrey Capet, ingénieur conception chez Seaboost, l’entreprise qui a réalisé ces récifs artificiels en impression 3D.
« L’impression béton bas carbone permet d’obtenir des designs les plus biométriques possibles, reprend le spécialiste. Les petites cavités sont colonisées par les juvéniles, les petits crustacés. Dans les plus grandes cavités, on va retrouver des poissons ou des crustacés plus gros comme les langoustes. Quant à la surface des roches, elle est très poreuse et rugueuse, ce qui permet d’obtenir une accroche pour les gorgones et pour les algues ».
Un projet global à 1,4 million d’euros
Ce village de récifs artificiels est la dernière touche d’un projet plus global baptisé Recif lab, débuté en 2018. Son coût total : environ 1,4 million d’euros, dont 600.000 euros pour ce village de récifs. 80 % ont été financés par l’Ademe, la région Occitanie et l’Etat via le plan littoral 21. Les 20 % restant par la station balnéaire.
« Depuis 2018, à la place des pneus lestés de béton, comme cela s’est fait pendant cinquante ans sur la station, de nombreux récifs artificiels ont été immergés », souligne Renaud Dupuy de la Grandrive, qui veille sur l’aire marine du Cap d’Agde, vaste de 6.000 ha. « Que ce soit pour les pontons éco-conçus dans le port ou la zone rocheuse du Brescou, les 34 balisages de la zone des 300 m ou encore des récifs artificiels dans le port ». Autant de structures qui permettent à la faune et la flore de trouver des endroits à l’abri des prédateurs pour s’épanouir. « Les retours d’expérience sur les structures artificielles déjà immergées, notamment sous les bouées des 300 m, sont extrêmement positifs », reprend Geoffrey Capet, de Seaboost. L’entreprise montpelliéraine est spécialisée dans les solutions pour restaurer et développer la biodiversité en mer. « La colonisation a été très rapide », se félicite le spécialiste.
La plus grande réserve marine d’Occitanie
Pour la station balnéaire héraultaise, ces récifs artificiels constituent un double enjeu, écologique et touristique. Préserver la biodiversité et permettre aux clubs de plongée de poursuivre leur activité. Au large d’Agde se trouve la plus grande réserve marine protégée d’Occitanie qui s’étend sur 310 ha. Toute activité humaine y est interdite, y compris le stationnement. « En contrepartie, on a apporté ce dispositif innovant, dont la conception a été s’est faite en concertation avec les clubs de plongée, reprend Renaud Dupuy de la Grandrive. C’est un projet écotouristique avec à la fois la biodiversité que l’on tente de reconquérir, et un réel attrait touristique pour les clubs de plongée du Cap d’Agde et d’ailleurs. » Au total, avec ce projet, 1.630 m2 de surfaces sont devenues colonisables et 430 m3 de volume d’habitat ont été créés.
3.100 bateaux mouillent dans le port de plaisance du Cap d’Agde, à proximité de l’une des rares côtes méditerranéenne constituée de roches. De véritables hotspots pour la faune et la flore, les gorgones et les algues coralligènes. Un endroit magnifique, mais extrêmement fragile. « Ce village de récifs, je le compare à la grotte de Lascaux. Pour soulager, l’original, on a fait une copie magnifique », résume le maire Gilles d’Ettore (LR).
Conçue pour résister à 52 tonnes de poussée horizontale
La maison sous-marine est exceptionnelle par sa taille et sa conception en 3D. « Il fallait proposer une structure qui attire les plongeurs. Quelque chose de grande taille où les plongeurs trouveraient leur compte, souligne Geoffrey Capet. Que ce par la présence d’une faune et d’une flore abondante, ou par son côté esthétique et ludique avec des grottes, des passages, des colonnes qui permettent aux plongeurs une expérience inoubliable. Pour nous, le défi consistait dans la taille. Immergé à 21 m de profondeur, il a fallu dimensionner quelque chose qui résiste à une houle de retour trentenaire, soit 52 tonnes de poussée horizontale. »
Un défi issu du savoir-faire local qui plus est, puisqu’elle a été construite et assemblée à Sète.
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