Trois quarts des français se prononcent pour une interdiction pleine et entière du commerce de l’ivoire sur le territoire.
Reims, le 23 juillet 2015 : IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux –www.ifaw.org) révèle aujourd’hui dans le rapport « Ivoire d’éléphant – Lot du jour : adjugé, vendu ! » l’ampleur du commerce de l’ivoire prenant place dans les salles de ventes aux enchères en France alors que les éléphants traversent l’une des crises les plus graves de leur existence en raison de la demande pour leur ivoire.
En effet, parmi 1 174 lots d’ivoire brut et travaillé proposés à la vente par 174 maisons de ventes aux enchères et commissaires-priseurs sur une période de deux mois (mai à juillet 2014), au moins 970 d’entre eux (pour un équivalent poids de 1,8 tonne) ont trouvé acquéreur.Ces ventes ont généré un produit final s’élevant à 1 227 455 euros.
À l’exception de la Corse, région dans laquelle aucun lot d’ivoire n’a été inventorié à des fins de vente, les ventes aux enchères d’ivoire sont généralisées à l’ensemble du territoire métropolitain avec cependant une répartition inégale : le Sud de la France se distingue du reste du pays par son offre en ivoire brut, à savoir les défenses non travaillées d’éléphant, alors que l’offre en ivoire travaillé touche, elle, toutes les régions.
Les lots d’ivoire brut, préférentiellement recherchés par une clientèle d’origine asiatique,constituent les pièces maîtresses de ce marché. Dans le cadre de cette étude, les défenses brutes représentent seulement 4% des lots vendus toute catégorie confondue. En revanche, leur vente a généré 60% des gains totaux (733 917 euros).
Les lots d’ivoire travaillé (sculptures, statuettes, objets de décoration/collection) constituent quant à eux l’essentiel de l’ivoire en circulation et commercialisé dans l’Hexagone, témoignant d’un marché des enchères d’ivoire en France dynamique.
Si depuis 1989 le commerce international de l’ivoire est interdit, ce commerce peut néanmoins être autorisé au niveau national pour les objets ayant le statut d’antiquité ou les objets dits pré-convention introduits sur le territoire de l’Union européenne avant l’inscription de l’éléphant d’Afrique en Annexe I de la CITES (soit avant le 18 janvier 1990), laquelle vise à protéger intégralement cette espèce de tout commerce. Ce commerce est encadré par un système de permis.
« Dans cette étude, près de la moitié des lots d’ivoire inventoriés (soit 43%) a été publiée sur les sites dédiés en prévision de leur vente aux enchères sans aucune référence à la légalité de leur commercialisation » souligne Céline Sissler-Bienvenu, Directrice d’IFAW France et Afrique francophone. « Cela résulte essentiellement d’une réglementation complexe amenant à une connaissance, à une maîtrise et -a fortiori- à une application imparfaites de celle-ci par les professionnels du marché des enchères. Cette faille est naturellement propice à la circulation et à la commercialisation d’ivoire de contrebande sur ce marché » poursuit-elle.
Les professionnels des enchères confient n’être pas toujours à même de déterminer de manière fine l’âge d’un objet, ce dont dépend la légalité de la vente.
Ce rapport intervient six mois après que la Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Ségolène Royal, a décidé de suspendre toute exportation d’ivoire brut.Cependant, les résultats qui émergent permettent d’avancer que cette mesure qui est un premier pas important, reste insuffisante face à l’ampleur de ce commerce qui entretient une demande croissante et mondialisée.
« La décision de Madame Royal d’interdire la délivrance des permis d’exportation d’ivoire brutavait ouvert une voie en début d’année à l’échelle européenne. Nous demandons maintenant à Madame Royal de confirmer son leadership européen sur le sujet en interdisant sur le champ tout commerce d’ivoire brut et travaillé, ventes aux enchères comprises, en France » explique Céline Sissler-Bienvenu. « Nous ne pouvons plus nous offrir le luxe d’attendre. »
D’après un sondage IFOP réalisé entre le 1er et le 3 juillet 2015, 76% des français se déclarent favorables à une interdiction pleine et entière du commerce de l’ivoire en France. Ces derniers mois, la communication de certaines maisons d’enchère qui se spécialisent dans la vente d’ivoire, mais aussi de corne de rhinocéros, avait défrayé la chronique et suscité l’indignation.
« Le marché français des ventes aux enchères d’ivoire entretient la demande internationale pour l’ivoire auprès d’une clientèle asiatique, essentiellement chinoise. Cet effet est contre-productif car il sape l’ensemble des efforts déployés tant par les ONG que par les États engagés dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, en vue de sensibiliser les consommateurs et de les détourner des produits tels que l’ivoire » conclut Céline Sissler-Bienvenu.
Près de 35 000 éléphants sont braconnés chaque année pour leur ivoire soit un toutes les 15 minutes en moyenne. Les saisies d’ivoire réalisées ces dernières années n’ont cessé d’augmenter (10t en 2010, 23t en 2011, 38t en 2012, 41t en 2013) et témoignent d’une implication des réseaux criminels organisés.
Des photos en haute définition sont disponibles sur demande à jlandry@ifaw.org ou au +333 26 48 64 79.
Contact:
Céline Sissler-Bienvenu – Directrice IFAW France et Afrique francophone – 06 17 56 10 74 –csissler@ifaw.org
À propos d’IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux)
Fondé en 1969, IFAW sauve les animaux en détresse dans le monde entier. Grâce à des projets dans plus de 40 pays, IFAW vient en aide à tout animal le nécessitant, œuvre pour prévenir la cruauté envers les animaux et plaide pour la protection des animaux sauvages et de leurs habitats. Pour plus d’informations, visitez notre site web : www.ifaw.org. Suivez-nous surFacebook et Twitter.