Les incendies de 2022, dont l’ampleur est liée au réchauffement climatique, nous engagent à revoir notre rapport à la nature : s’appuyer sur elle au lieu de chercher à l’asservir. Nous pouvons diminuer la combustibilité de nos forêts en aidant le retour des feuillus, et organiser des paysages plus résilients en partant de ce qui reste de nos espaces naturels et de nos cours d’eau. La réhabilitation des surfaces détruites par le feu sera l’occasion de chantiers pilotes pour cette nécessaire reconsidération de notre environnement, vers un monde plus vivable.
Des causes avant tout humaines
Les feux de forêt catastrophiques de cet été, s’ils appellent la compassion pour les victimes face à la puissance parfois terrifiante de la nature, sont cependant loin d’être d’origine naturelle. Très majoritairement déclenchés de main d’homme, ils se sont développés de façon particulièrement explosive dans les grandes forêts résineuses que nous avons plantées, et sont fondamentalement la conséquence du réchauffement climatique que nous avons causé.
Prométhée incendiaire de sa propre maison
Ces incendies constituent donc un véritable retour de flamme par rapport à l’énergie démesurée que nous exerçons sur notre environnement. Il nous faut trouver une relation plus douce avec la nature… Après l’avoir subie, puis avoir cru la maîtriser, nous parlons maintenant de la protéger. Mais il s’agit d’abord de l’habiter. Nous devons protéger une nature dont nous vivons et faisons partie, pas simplement en conserver quelques reliques.
(Bio)diversité à toutes échelles
Avec l’évolution du climat, il devient plus que jamais urgent de réintroduire de l’hétérogénéité et de la biodiversité dans les écosystèmes que nous avons fragilisés :
– Dans les peuplements forestiers eux-mêmes, il faut raffermir par la diversité des espèces notamment feuillues, limitant la combustibilité et favorisant la résilience.
– A l’échelle des paysages, il faut différencier la gestion des espaces urbanisés des espaces naturels, forestiers et agricoles. Cette gestion différenciée va nous permettre de cloisonner l’espace afin de limiter l’étendue et l’impact des incendies.
Reconstruire autour de la trame verte et bleue
Cette recomposition devrait s’appuyer sur une trame verte et bleue élargie, repensée autour du réseau hydrographique comme infrastructure naturelle d’un monde plus résilient et vivable.
Plus que jamais l’eau devient une ressource vitale, par sa rareté annoncée, et pour son rôle contre les incendies dans l’entretien des coupures vertes et dans la lutte active. Sa gestion en lien avec la biodiversité devient centrale pour la santé de nos écosystèmes, garante des autres enjeux comme la sécurité, le bois ou le stockage du carbone.
Projet collectif et chantiers pilotes
Pour Christophe Chauvin, pilote du réseau Forêt au sein de France Nature Environnement : « La reconsidération de nos activités et de leur impact sur notre environnement, dans une approche plus humble, ne constitue pas un recul mais un progrès de l’humanité.Elle devrait constituer un projet de société, fédérant toutes les compétences et les sensibilités dans une approche multifonctionnelle concertée. Les surfaces brûlées à réhabiliter pourraient alors être autant de chantiers pilotes dans une autre manière d’exercer l’intelligence humaine : s’adapter aux contraintes, et moins prétendre les effacer. S’appuyer sur la nature, plutôt que la combattre, et pour cela prendre le temps d’observer comment elle réagit. »
Pour aller plus loin
- Article de Sylvain Angerand/Canopée : Le Monde / 28 août 2022
- Article : Forêt en crise : 21 propositions pour préserver nos forêts
- Guide pratique : Préserver des forêts résilientes : que peut faire ma commune ?